Lettre ouverte adressée au Président de la République
À la veille de la journée officielle d’hommage aux harkis du 25 septembre 2011, la Ligue des droits de l’Homme s’adresse à Nicolas Sarkozy pour la reconnaissance officielle de la France dans le comportement qu’elle a eu envers les harkis durant la guerre d’Algérie et au lendemain de l’indépendance de ce pays.
Monsieur le Président de la République,
À la veille de la journée officielle d’hommage aux harkis du 25 septembre 2011, la Ligue des droits de l’Homme s’adresse de nouveau à vous pour vous dire que la France s’honorerait si elle reconnaissait qu’elle a eu, durant la guerre d’Algérie et au lendemain de l’indépendance de ce pays, un comportement envers les harkis indigne d’un pays attaché aux droits de l’Homme et aux principes de sa devise républicaine.
En effet, elle se grandirait en reconnaissant :
sa responsabilité dans les promesses qu’elle a faites, jusqu’à la fin de la guerre, notamment par la bouche des responsables de son armée, que l’Algérie resterait française quoiqu’il arrive, et leurs efforts pour enrôler des supplétifs, qui ont conduit certains Algériens indécis et voulant faire vivre et protéger leur famille à devenir harkis ;
son retrait discriminatoire de la nationalité française et son refus de protéger, en 1962, ceux d’entre eux qui étaient menacés et d’autoriser leur rapatriement ;
sa politique discriminatoire vis-à-vis de ceux qui ont pu néanmoins gagner la France avec leur famille et qui ont été parqués dans des camps dans des conditions indignes.
Le 31 mars 2007, pendant votre campagne en vue de l’élection présidentielle, vous avez déclaré : « Si je suis élu Président de la République, je veux reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre de harkis et d’autres milliers de musulmans français, et je le veux afin que l’oubli ne les assassine pas une nouvelle fois ».
La Ligue des droits de l’Homme, constatant que ces paroles prononcées il y a plus de quatre ans n’ont pas été suivies d’effets et persuadée que la France doit regarder en face toutes les pages de son passé, y compris les moins glorieuses liées à son passé colonial, s’adresse de nouveau à vous pour que notre pays opère au plus vite cette nécessaire reconnaissance.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération.
Pierre Tartakowsky, Président de la Ligue des droits de l’Homme