26 février 2021 – Tribune collective “L’Etat français doit cesser son soutien à l’exploration gazière en Arctique” publiée sur L’Obs

L’Arctique est sous la pression de l’extraction gazière et pétrolière, et ce qui s’y joue nous concerne toutes et tous. Autour du pôle Nord, on peut déjà percevoir les pires développements de la crise climatique. La banquise et le pergélisol s’effondrent et les hivers sont de plus en plus courts. Des cratères y sont creusés par des explosions de méthane causées par la fonte du pergélisol, et des bactéries mortelles endormies comme l’anthrax ont pu resurgir, contaminant des dizaines de personnes et des milliers de rennes. Et ces désastres écologiques sont dus aux gaz à effet de serre.

En effet, un groupe de scientifiques a découvert récemment que la vitesse de perte des glaces est aujourd’hui alignée sur le pire des scénarios imaginés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ces scientifiques notent que la perte s’est accélérée en même temps que la hausse des températures atmosphériques.

Selon la même étude, la Terre aurait perdu 28 000 milliards de tonnes de glace entre 1994 et 2017 : assez pour couvrir tout le Royaume-Uni d’une couche de glace de 100 kilomètres d’épaisseur. Et avec 7 600 milliards de tonnes de glace perdues, l’Arctique est la région la plus menacée. Des millions de vies, sur les littoraux et les îles, sont ainsi directement menacées par la fonte des glaciers qui contribue à l’élévation du niveau de la mer.

C’est pourtant dans cette région déjà fragilisée par la pollution et le réchauffement de la planète que l’Etat français soutient des mégaprojets impliquant des entreprises françaises. En effet, par le biais de la banque publique d’investissement (Bpifrance), la France peut se porter garante des financements accordés par les banques privées et les investisseurs à des entreprises françaises jugées stratégiques.

Inconscience environnementale et sociale

En 2017, le gouvernement avait ainsi octroyé une garantie de 350 millions d’euros à l’entreprise parapétrolière TechnipFMC chargée d’y construire une unité de liquéfaction du gaz pour le compte de Total et de ses partenaires. Ce projet venait ainsi perturber un environnement vulnérable et menacer les terres comme l’activité traditionnelle de pâturage de rennes des Nénètses, population autochtone de la région de Yamal. Total cherche désormais à étendre ses activités gazières dans la région avec un nouveau projet, Arctic LNG 2, aux côtés du russe Novatek. Et le gouvernement étudie la possibilité d’y participer par le biais de la banque publique d’investissement, qui a d’ores et déjà émis un avis préliminaire favorable pour une garantie de 700 millions d’euros.

Ces mégaprojets polluants au cœur d’une des régions les plus affectées par la crise climatique sont l’illustration de l’inconscience environnementale et sociale de l’industrie des combustibles fossiles, qui priorise encore et toujours les profits sans se soucier de l’emballement climatique. L’Arctique est pourtant essentiel à l’atténuation du dérèglement climatique et doit être protégé.

Les garanties accordées aux mégaprojets fossiles en Arctique entrent en contradiction avec l’impératif scientifique, mais aussi avec les obligations internationales de la France. Emmanuel Macron n’avait-il pas interpellé les transporteurs maritimes en 2019, lors du G7 de Biarritz, pour les dissuader d’utiliser la route de la mer du Nord ? Cette même route que les méthaniers brise-glace comptent emprunter pour acheminer le gaz de l’Arctique russe vers les marchés internationaux. Le président ne se tenait-il pas, ensuite, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies pour défendre la protection des océans et de la biodiversité ? Alors que la loi Climat et Résilience est présentée aux parlementaires, il est temps d’en finir avec ces incohérences. La France ne peut pas nommer un ambassadeur pour les pôles, d’une main, et soutenir, de l’autre main, la course au gaz fossile dans l’Arctique par le biais de ses institutions financières publiques.

350.org, Youth for Climate France, Notre Affaire à Tous, Greenpeace France, Attac France, Amis de la Terre France, Ligue des droits de l’Homme, Oil Change International, Surfrider Foundation Europe, SumofUs, Reclaim Finance, REFEDD, Enseignant.e.s Pour la Planète, Ingénieurs sans frontières, Résilience France, Emancipation Collective, Notre Maison Brûle et ZEA.

Rejoignez la mobilisation aux côtés d’une dizaine d’associations climatiques et environnementales en signant cette pétition.

Tribune collective publiée sur L’Obs.

Communiqués de la LDH

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *