La LDH participe à la campagne pour la libération d’Ales Bialiatski, vice-président de la FIDH, prisonnier d’opinion au Bélarus, l’une des dernières dictatures d’es pasy d’Europe centrale et orientale.
Le Bélarus est aujourd’hui l’une des dernières dictatures d’Europe. Sous le régime Loukachenko, le pays est plongé dans la répression et sa population est victime au quotidien de la terreur politique et de violations des droits de l’Homme. Accusé, à la suite d’un procès monté de toutes pièces et condamné à quatre ans et demi de travail forcé dans les camps de détention au régime sévère, Ales Bialiatski a payé de sa liberté sa lutte sans faille pour la dignité humaine, pour les droits de l’Homme, pour les libertés fondamentales. Ales, notre ami et collègue, est aussi le président du Centre de défense des droits de l’Homme « Viasna » au Bélarus, et un éminent défenseur des droits de l’Homme, respecté par l’ensemble de la communauté internationale.
Dès le début des années 80, Ales Bialiatski, jeune écrivain bélarusse, s’était engagé dans le mouvement démocratique. Alors que l’Europe était divisée par le rideau de fer, il organise les premières manifestations pour les libertés dans son pays. Cet engagement qui lui vaut d’être enfermé en 1988, ouvrant ainsi une longue série d’arrestations et de harcèlements. En 1996, face à la répression du régime Loukachenko, Ales crée le Centre de défense des droits de l’Homme Viasna, une organisation qui vient en aide aux victimes de la violence politique et milite pour faire connaître dans le monde les conditions de la répression au Bélarus. En 2003, comme des centaines d’autres associations, Viasna – qui signifie printemps en bélarusse – est liquidée sous le coup d’une décision de justice, et entre dans l’illégalité. Mais son combat, très tôt reconnu, se poursuit et lui vaut de recevoir de prestigieuses récompenses.
En 2007, seulement trois ans après avoir rejoint la FIDH, Ales Bialiatski est nommé vice-président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). Il devient ainsi le premier représentant issu de l’un des ex-pays communistes d’Europe. Il s’est rendu, lors des missions d’enquête, en Russie, en Ukraine,au Kazakhstan, au Kirghizstan, en Géorgie ou encore en Arménie. Sur le terrain, il accomplit des observations de procès politiques, de soutien aux familles de détenus, des enquêtes sur des crimes de masse. Il mène de nombreuses actions internationales et participe à des missions de solidarité. Il partage son expérience sur le terrain avec les défenseurs des droits de l’Homme égyptiens, cubains ou encore tunisiens… Ales s’est rendu en Egypte, à Cuba, ou encore, après la révolution, en Tunisie pour y participer à une réunion d’urgence avec les acteurs de la société civile.
Ales Bialiatski a toujours été convaincu de l’importance d’une collaboration des défenseurs des droits de l’Homme avec leurs collègues régionaux et mondiaux, et de la solidarité internationale en tant que telle. Il a déployé une grande énergie en matière d’entraide et de solidarité avec les défenseurs des droits humains et victimes de répressions. Il a rendu visite aux éminents défenseurs des droits de l’Homme, condamnés à des peines d’emprisonnement. Maintenant, il partage leur sort…
Voilà plus d’un mois qu’il a été transféré à la colonie pénitentiaire de Bobrouïsk, où il doit purger le reste de sa peine (quatre ans), accusé par les autorités « d’évasion fiscale à grande échelle ». La Cour de cassation à Minsk a confirmé, le 24 janvier 2012, en son absence, la sentence de quatre ans et demi de prison à régime sévère et la confiscation de ses biens (y compris le bureau de Viasna). Le 22 mars dernier, Ales Bialiatski est sorti de l’isolement où il avait été placé dès son arrivée à Bobrouïsk, pour rejoindre l’unité où il doit effectuer les travaux obligatoires.
La FIDH, avec Viasna et son vice-président Valentin Stefanovitch, compte tenu de l’évidence de la confirmation du jugement en cassation, avait demandé des réactions politiques fortes et des manifestations de solidarité du parlement européen, de la Commission européenne et des délégations des Etats membres. Cette série de rendez-vous a permis, plus largement, de mobiliser les instances européennes sur la situation des droits de l’Homme au Bélarus et en particulier sur la situation des prisonniers politiques et a eu un impact important dans la presse.
En outre, en mars 2012, grâce à cette mobilisation, le Bélarus a été inscrit sur la liste des pays en crise, ce qui permet une flexibilité plus grande dans la remise des fonds aux défenseurs. Ainsi, la FIDH peut poursuivre au quotidien des actions de sensibilisation au niveau international afin que des sanctions efficaces soient prises contre le régime de Loukachenko et les personnes qui le mettent en œuvre.
La situation politique ne cesse de se détériorer au Bélarus : de nouvelles législations liberticides ont été adoptées, aggravant la situation des droits de l’Homme, et singulièrement de la société civile et des défenseurs, devenus de véritables otages du régime en même temps qu’il leur est interdit de sortir du pays, comme c’est le cas pour Valentin Stefanovitch, vice-président de Viasna et pour bien d’autres défenseurs locaux.
Enfin dernièr signe de l’aggravation de la situation, après que le Belarus ait exigé le départ de l’ambassadeur polonais et des représentants de l’Union européenne, les pays de l’Union ont décidé le rappel de tous leurs ambassadeurs. Manifestement, le gouvernement du Bélarus utilise Ales Bialiatski comme otage et victime dans sa tentative de négociation politique avec la communauté internationale, Or, le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies doit en juin adopter une résolution sur la situation dans le pays. L’heure est donc à faire pression sur les Etats qui ont de l’influence et/ou qui entretiennent des relations particulièrement étroites avec le Bélarus.
Deux plaintes concernant Ales Bialiatski ont été déposées avec le soutien de la FIDH – l’une devant le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire dans le cadre de l’Observatoire des défenseurs des droits, l’autre auprès du Comité des droits de l’Homme de l’Onu par la famille (l’épouse d’Ales Bialiatski a pu rendre visite à la FIDH à Paris en février) et par la FIDH.
La mobilisation est à faire aussi au quotidien pour accompagner l’équipe de Viasna dans sa ré-organisation stratégique face à la détention de longue durée de son président et pour prévenir de nouvelles menaces. En dépit de son isolement le plus strict, la communication est possible et Ales Bialiatski suit avec courage et espoir l’écho de cette mobilisation et attend comme autant de signes de vie les témoignages et les manifestations de solidarité.
Six mois après un verdict inique, la FIDH et la LDH ont oganisé une mobilisation, le 11 mai 2012 et le portrait d’Ales Bialiatski a été accroché sur la façade de la mairie du 11e arrondissement de Paris, où la FIDH a son siège.
Trois jours avant sa mort, Vaclav Havel a envoyé une lettre à Ales en prison. Il lui a souhaité du courage, en citant l’exemple de son pays comme source d’espoir. C’est un passage de flambeau à Ales pour poursuivre sa lutte pour la dignité humaine, mais aussi un message pour l’Europe et la Communauté Internationale pour que leur appui soit fort et visible et surtout uni face à la répression. C’est de cela que dépend aujourd’hui le sort d’Ales Bialiatski mais aussi le sort de l’Europe.
Pour en savoir plus, le blog de la FIDH « Libérez Ales »