C’était une gageure que de vouloir réaliser un long métrage à partir de l’opuscule de Stéphane Hessel Indignez-vous. Tony Gatlif l’a relevée, inspiré en partie par le mouvement éponyme des « Indignados » espagnols.
Dans un mélange de documentaire et de fiction, entre réalisme et poésie Tony Gatlif filme l’injustice du monde à travers l’histoire de Betty. Cette jeune femme africaine ayant fui la misère de son pays s’échoue sur une plage de Grèce, espère trouver du travail et envoyer de l’argent à sa famille… Nous suivons son errance d’un port grec, jusqu’à Athènes puis Paris. Interpellée comme sans-papiers, elle est renvoyée en Grèce à cause des accords de Dublin II, pays où elle est entrée pour la première fois en Europe et y avait laissée ses dix empreintes digitales. Betty va survivre grâce aux petits boulots. Elle subit la traque des « clandestins », découvre « la misère des riches », les matelas dans les rues, les soupes populaires, le quotidien de ces hommes et ces femmes sans papiers, considérés comme illégaux.
Chacun peut suivre en direct les insurrections grâce aux images et aux vidéos qui circulent à toute vitesse sur les smartphones. Ainsi, le sentiment de révolte, la mobilisation et l’engagement à ces soulèvements gagnent du terrain. Les révolutions arabes viennent apporter leurs lueurs d’espoir et de liberté, et inspirent des images très poétiques à Gatlif.
Nous retrouverons finalement Betty à Madrid où elle participe aux actions des Indignés. Gatlif filme les manifestations et les occupations de ce mouvement qui se lève pour dire non à un système injuste et corrompu.
Cependant, le sentiment de lassitude et d’impuissance est palpable lorsque Betty prononce à la fin du film ces quelques mots « ça ira, ça ira ».
Documentaire et fiction (2011)
Réalisateur : Tony Gatlif
Durée : 90 mn
Coproduction : Princes production, Eurowide, Hérodiade, Rhône-Alpes cinéma
Distribution : Les films du Losange
Sortie en salle : 7 mars 2012