Rwanda : La FIDH honore la mémoire des victimes et des survivants du génocide au Rwanda

Communiqué FIDH

Il y a 20 ans, le génocide de près d’un millions de Tutsis et le massacre de Hutus modérés par le régime du président Habyarimana commençait dans les rues de Kigali avant de se généraliser dans tout le pays. La FIDH souhaite en ce 20è anniversaire du génocide, honorer la mémoire des victimes et des survivants de ce drame et appeler les autorités rwandaises et la communauté internationale à poursuivre la lutte contre l’impunité des responsables du génocide et œuvrer pour qu’une telle folie ne se reproduise plus, notamment par le soutien à la démocratie et aux droits humains.



Le 7 avril 1994, les 100 jours du génocide au Rwanda commençaient à Kigali, au lendemain de la mort du président Habyarimana. Près d’un million de personnes trouvent la mort dans les massacres systématiques des Tutsis et de tous ceux qui s’opposent au génocide, pourchassés, tués méthodiquement dans d’atroces souffrances. Les milliers de rescapés témoigneront plus tard de la logique de mort implacable mise en œuvre par les tenants du « pouvoir Hutu ».

«  Le génocide au Rwanda est une plaie béante dans notre histoire commune, une folie destructrice dont les survivants sont marqués à jamais. En ce triste anniversaire, ce sont les victimes et les survivants que nous souhaitons honorer, en nous souvenant de chacun d’eux  » a déclaré le président de la FIDH, Karim Lahidji.

En mars 1993, la FIDH et six autres organisations de défense des droits de l’Homme avaient publié un rapport sur les violations massives et systématiques des droits de l’Homme commises au Rwanda depuis le 1er octobre 1990, qui alertait sur la perpétration en cours de violations des droits de l’Homme « massives et systématiques, avec l’intention délibérée de s’en prendre à une ethnie déterminée » prémices de la logique génocidaire mise en œuvre en avril 1994.

Après le génocide, la FIDH a initié des enquêtes pour établir les responsabilités et l’ampleur des crimes, en particulier avec Human Rights Watch (HRW), qui ont donné lieu à l’un des ouvrages les plus complets sur le génocide au Rwanda, « Aucun témoin ne doit survivre » dont l’auteure principale est Alison Desforges, aujourd’hui décédée.

« Avec Alison Desforges, nous avons tenté non seulement de comprendre et de prouver la planification, l’intention génocidaire, mais aussi de décortiquer comment les rouages de l’état ont été utilisée comme une machine de mort sans laquelle il aurait été impossible d’atteindre un tel niveau d’efficacité et de sophistication » témoigne Me Eric Gillet, chargé de mission de la FIDH à l’époque.

Une équipe de la FIDH et de HRW a aussi enquêté, en 1996, sur les violences sexuelles à grande échelle commises pendant le génocide au Rwanda et leurs conséquences. Ce rapport, « Vies brisées : Les violences sexuelles lors du génocide rwandais et leurs conséquences », témoignages et analyses à l’appui, retrace les mécanismes, les ressorts et les conséquences sur les femmes et la société, de cet aspect du crime génocidaire.

«  Le viol comme arme de guerre a été largement utilisé pendant le génocide au Rwanda pour punir les femmes tutsis d’être Tutsis  » a déclaré Sheïla Muwanga Nabachwa, vice-présidente de la FIDH. «  Malheureusement, les corps des femmes sont toujours un champ de bataille, même en Afrique et même 20 ans après ce drame. Nous devons agir pour que cela change  » a-t-elle ajoutée.

La FIDH souhaite aussi placer ce 20è anniversaire sous le signe de la lutte pour la justice des victimes et survivants du génocide rwandais et publie un dossier spécial consacré à 20 ans de la lutte pour la justice et contre l’impunité des génocidaires rwandais. Constituée partie civile dans une vingtaine de procédures judiciaires engagées contre les présumés génocidaires présents en France, la FIDH et son Groupe d’action judiciaire (GAJ) ont contribué, le 14 février 2014, une première victoire pour les victimes avec la condamnation, par la Cour d’assises de Paris, du capitaine rwandais Pascal Simbikangwa à 25 ans de réclusion criminelle pour crime de génocide et complicité de crimes contre l’humanité.

«  La lutte contre l’impunité des auteurs du génocide rwandais n’est pas finie, elle se poursuit à l’échelle mondiale. Pour la France uniquement, pas moins de 27 procédures judiciaires sont en cours dont une vingtaine dans lesquels la FIDH est partie civile  » a rappelé Me Patrick Baudoin, avocat de la FIDH dans ces procédures judiciaires et responsable du Groupe d’action judiciaire de l’organisation.

La FIDH qui sera présente aux commémorations du 20e anniversaire du génocide à Kigali, se rappelle aussi de ces hommes et de ces femmes, activistes de la Ligue rwandaise pour la promotion et la défense des droits de l’Homme (LIPRODHOR), organisation membre de la FIDH au Rwanda, qui sont morts pendant le génocide et pour la liberté. Malgré le travail courageux de la LIPRODHOR avant, pendant et après le génocide, l’organisation membre de la FIDH fait l’objet d’attaques et de tentatives de contrôle de la part des autorités rwandaises. La FIDH publie également une note Rwanda : Garantir les libertés publiques et individuelles, l’envers du décors, sur la situation actuelle au Rwanda, qui démontre que le combat pour les libertés est toujours d’actualité au Rwanda.

«  Ne pas oublier le génocide au Rwanda, les victimes et écouter les survivants, c’est se souvenir que le 20è siècle a été celui des génocides et des meurtres de masse. La communauté humaine doit s’organiser pour que l’Afrique et le monde ne soient plus endeuillés par ces logiques de morts et de destruction systématique de l’autre  » a déclaré Me Drissa Traoré, vice-président de la FIDH.

Paris, Nairobi, Kigali, le 5 avril 2014

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