La LDH soutient le film « Ceuta, douce prison », de Jonathan Millet et Loïc H. Rechi

Pour les défenseurs des droits de l’Homme, Ceuta évoque tout d’abord le drame de 2005 lorsque cinq Africains avaient été tués et des centaines blessés, après avoir tenté de pénétrer dans l’enclave espagnole de Ceuta. Fuyant la pauvreté, la guerre et les conflits politiques, ils n’avaient rencontré d’autre réponse que la violence et la répression des forces de sécurité, qui avaient fait usage d’armes à feu contre ces migrants « armés d’échelles » pour franchir les murs de barbelés (six mètres de haut, sur plusieurs kilomètres) les séparant de ce morceau d’Europe.



Ceuta est donc cette petite ville autonome espagnole située sur le continent africain, au nord du Maroc, d’où l’on peut voir le rocher de Gibraltar et les côtes de l’Espagne. Pour Iqbal l’Indien, Hakim le Nigérian, et Simon et Marius les deux Tchadiens, qui ont tout quitté pour tenter leur chance en Europe, c’est déjà une victoire d’être arrivés jusque là. Mais cette victoire est bien amère car, hébergés dans un centre de rétention, ils n’ont aucune idée du temps qu’ils devront y passer, ni s’ils seront expulsés vers leur pays d’origine ou autorisés à partir sur le continent. Tous ont vécu des épreuves violentes seuls ou aux mains de passeurs et leur voyage a duré parfois plusieurs années, mais s’ils sont libres de quitter le centre dans la journée (pour errer dans cette grande prison qu’est Ceuta pour eux), ils sont livrés à l’oisiveté. Ils remplissent leurs journées de tout petits boulots (aider les automobilistes à se garer, laver des voitures, pousser les caddies des clients des supermarchés…), de repas communs qu’ils organisent dans les forêts alentour qui sont l’occasion de refaire ensemble le récit de leur itinéraire, de parler de leurs espoirs et de leurs envies. C’est aussi l’occasion de boire des bières ou un mélange de vin et de Coca. Tous nostalgiques et inquiets pour leur famille, tous ou presque soumis au supplice permanent de l’Europe à portée de vue et au risque permanent d’une expulsion, sont sujets à la dépression.

Ce film est l’histoire d’un mur physique et administratif bâti par l’Union Européenne, financé par ses citoyens, sans que ces derniers n’en aient même conscience.

En 2005, suite au drame de Ceuta, l’AEDH déclarait : « Il y a urgence. L’Union Européenne doit sans attendre s’atteler à mette en œuvre une véritable politique d’asile et d’immigration, où l’aide au développement et le respect des droits de l’Homme ne le cède en rien à la nécessaire lutte contre les réseaux mafieux. Il faut que les pays européens en prennent conscience et s’attellent enfin à une réflexion commune pour instaurer une politique d’immigration européenne respectueuse des droits, de l’intégrité physique et de la dignité des personnes. » Ce documentaire prouve, s’il en était besoin, que tout reste à faire.

Sortie le 8 novembre dans le cadre du festival « Cinéma et droits humains ».

Ceuta, douce prison

Documentaire

Durée : 90 min

Réalisateurs : Jonathan Millet, Loïc H. Rechi

Distribution : Zaradoc

Communiqués de la LDH

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