L’actualité de l’été aura été marquée par les expulsions dont les Roms ont été les victimes. Notre dossier y revient en détails et permet de prendre la juste mesure de ce qui a bougé et de ce qui reste à gagner. Cette évaluation est d’autant plus nécessaire que l’alternance politique a créé les conditions de changements. L’ancienne majorité ne s’y trompe d’ailleurs pas, qui n’a pas perdu une seule seconde pour concentrer ses attaques contre la nouvelle garde des Sceaux tout en ne tarissant pas d’éloges pour le ministre de l’intérieur.
Au-delà de ces mises en scène cousues au câble de Marine, au-delà de la réalité des débats qui continuent d’animer la nouvelle majorité et par voie de conséquence le gouvernement, l’essentiel pour les défenseurs des droits de l’Homme que nous sommes est de travailler à faire progresser leur effectivité et leur accessibilité pour tous.
Cela passe aussi et peut-être d’abord par quelques révolutions dans les têtes.
« J’ai mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire » écrivait déjà Victor Hugo ; la formule est résolument moderne et pourrait servir de boussole au gouvernement. Elle nous incite en tout cas à supprimer de la conscience collective les veilles lunes libérales et autoritaires qui empoisonnent et plombent le débat public.
C’est pourquoi la LDH propose l’organisation de conférences citoyennes décentralisées dans lesquelles seraient mises en débat des propositions concrètes de changement.
En effet, face a une crise qui va s’appesantir dans tous ses aspects – financiers , économiques, sociaux et environnementaux – rendant de fait toujours plus aléatoire l’effectivité des droits partout et pour tous, exacerbant les crispations identitaires, nous avons besoin de confrontation d’idées, d’une nouvelle mise en œuvre de la démocratie, d’une réhabilitation des faits et des réalités au détriment des clichés de comptoirs et de fausses évidences. C’est à la fois la condition et l’objectif du changement pour lequel les Français se sont prononcés.
Cela vaut pour tout ce qui touche à la figure de l’étranger, tant le débat a été, au fil des décennies, pollué par la banalisation de thèmes xénophobes ; cela vaut pour la citoyenneté politique, tant les féodalités s’opposent aux changements désirés, cela vaut pour la citoyenneté sociale, pour la justice, pour l’égalité des droits…
L’innovation, l’audace, la libération des initiatives ont besoin de souffle, d’élan, de participation citoyenne. A cet égard, l’opinion publique se mobilisera d’autant plus qu’elle recevra le signal de gestes politiques symboliques et dynamiques : un moratoire sur les expulsions, le droit de vote des résidents étrangers, l’interdiction effective du cumul des mandats en sont quelques uns.
Si le changement c’est pour maintenant, il ne faut pas avoir peur des ombres du passé. Mais pour éviter les postures qui consistent à ne rien attendre du gouvernement ou son inverse à tout en attendre, la LDH, acteur politique social, met la défense des droits en débat et en acte.