Communiqué LDH
Cinquante après les accords et le cessez-le-feu qui ont mis un terme, le 19 mars 1962, à la guerre d’Algérie la LDH considère que le temps est venu de poser enfin un regard apaisé sur la fin tragique de la période coloniale de notre histoire.
La LDH condamne vivement les forces politiques qui, dans un but électoraliste, encouragent les nostalgiques de la colonisation. Tel le maire de Nice, Christian Estrosi, qui a tenté, les 10 et 11 février dernier, d’empêcher la tenue d’un colloque organisé par la section locale de la Ligue des droits de l’Homme sur le thème « Algérie 1962, pourquoi une fin de guerre si tragique ? », au motif qu’il ne s’inscrivait pas dans « l’esprit » de la commémoration que sa municipalité organise. La Ligue des droits de l’Homme dénonce également avec force le fait que, le 10 mars, à Nîmes, des élus de l’UMP et du Nouveau centre, maires, députés, sénateurs et conseillers généraux, se soient joints au agitateurs du Front national et aux anciens de l’OAS pour tenter de s’opposer à la tenue d’un colloque d’historiens consacré par un collectif d’associations dans les locaux du conseil général du Gard à « la Fédération de France du FLN (1954-1962) ».
Comme elle l’avait affirmé lors des commémorations de la sanglante répression de la manifestation désarmée des Algériens de la région parisienne du 17 octobre 1961, la LDH demande aux plus hautes autorités de la République de reconnaître que la colonisation de l’Algérie, tout comme la guerre qu’ont menée les autorités de l’époque pour tenter de s’opposer à l’indépendance algérienne, se sont accompagnées de pratiques qui n’ont cessé de tourner le dos aux principes des droits de l’Homme.
Le colloque qu’elle organise avec d’autres associations les 17 et 18 mars à Evian, à l’occasion du cinquantenaire des Accords d’Évian, « Sortir de la guerre d’Algérie : regards croisés, regards apaisés », sera pour elle l’occasion de réaffirmer sa demande aux autorités françaises qu’elles abandonnent le discours insidieux tenus depuis l’élection de Nicolas Sarkozy sur le « refus de la repentance » et l’éloge de « l’œuvre civilisatrice » de la colonisation, pour formuler une véritable reconnaissance des injustices fondamentales qui ont marqué cette époque.
Seule une telle reconnaissance permettra, enfin, de tourner cette page tragique de notre histoire et de construire avec les peuples du sud de la Méditerranée un avenir de paix et de progrès.
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