La liberté d’aller et venir entravée pour les habitant.es de Mayotte : le Conseil constitutionnel valide les contrôles d’identité généralisés et discrétionnaires

Conformément à la Constitution, la République « assure l’égalité devant la loi de tou-te-s les citoyen-ne-s sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Néanmoins, dans le même temps, certaines dispositions constitutionnelles permettent d’adapter les lois dans les territoires ultra-marins afin de tenir compte de « caractéristiques et contraintes particulières ». C’est à ce titre, et au nom de la lutte contre « l’immigration clandestine », que Mayotte est soumise à un régime dérogatoire permettant à la police de procéder à des contrôles d’identité généralisés et discrétionnaires sur l’ensemble du territoire. En novembre 2021, la préfecture de Mayotte déclarait que les effectifs de la police aux frontières dédiés aux contrôles d’identité avaient augmenté de plus de 50 % en deux ans. Certaines franges de la population sont ainsi soumises à une forme de harcèlement policier visant à faire tourner à plein régime une machine à expulser au mépris des droits fondamentaux des personnes.

C’est dans ce cadre qu’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) a été transmise par une femme qui a fait l’objet d’un contrôle d’identité ayant débouché sur la notification d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et un placement en centre de rétention en mai dernier. Elle a fait valoir l’atteinte portée à sa liberté d’aller et venir. Par un arrêt du 21 septembre 2022, la Cour de cassation a renvoyé la QPC au Conseil constitutionnel.

La question soulevée par la QPC fait écho aux constats que font nos associations présentes à Mayotte :  l’absence de limites spatio-temporelles des contrôles d’identité laisse place aux pleins pouvoirs de la police qui s’adonne à des contrôles d’identité aléatoires et discriminants sans avoir à justifier d’éléments les fondant. Le dispositif en place à Mayotte donne inéluctablement lieu à des pratiques illégales, telles que la mise en œuvre de contrôles au sein des domiciles des personnes, portant gravement atteinte au principe d’inviolabilité du domicile, au droit à la vie privée et à la liberté individuelle des personnes. Ces contrôles échappent à l’examen du juge et les personnes sont privées d’un droit au recours effectif de telle sorte que celles qui en font l’objet se retrouvent véritablement plongées dans des espaces de non-droit.

L’absence d’encadrement légal des dispositions relatives aux contrôles d’identité à Mayotte entrave par ailleurs gravement la liberté de circulation, le droit à la protection de la santé, le principe d’égal accès à l’instruction ainsi que la liberté d’aider autrui dans un but humanitaire. En effet, l’omniprésence de la police aux abords des écoles, des centres de soins, des locaux associatifs ou de tout autre lieu de service public, tel que les préfectures, a pour effet d’intimider et dissuader les personnes de se déplacer par crainte d’une interpellation. En conséquence, nombreuses sont les personnes qui renoncent à des dispositifs d’accès aux droits ou à des services de première nécessité.

Cette situation renforce par ailleurs la précarité des personnes vulnérables, notamment les enfants. Nos associations alertent depuis plusieurs années sur les modalités de mise en œuvre des contrôles, laissant le champ libre à des pratiques parfaitement arbitraires. Il en est ainsi pour les contrôles d’identité effectués sur des personnes mineures, déclarées arbitrairement majeures sans respect de la présomption de minorité et placées en centre de rétention sans représentant-e légal-e en vue de leur expulsion[1].

Nos associations font le constat de longue date que les droits et libertés fondamentales à Mayotte sont sacrifiés sur l’autel de la politique du tout sécuritaire et répressif. Au même titre que les conditions restrictives d’accès au séjour et à la nationalité, ou la mise à mal du droit au recours effectif pour les personnes frappées par une mesure d’expulsion, les contrôles d’identité font partie intégrante d’un large panel de mesures dérogatoires faisant de Mayotte un véritable territoire d’exception, ce qui contrevient au principe de non-discrimination. Il nous semble pourtant que l’amélioration collective du vivre-ensemble ne peut passer par la restriction des libertés individuelles. La décision du Conseil constitutionnel du 25 novembre dernier vient confirmer que l’accent mis sur la lutte contre l’immigration irrégulière détourne les regards de l’urgence qu’il y a à garantir aux habitant-e-s de Mayotte des droits équivalents au reste du territoire. Que signifie le « territoire de Mayotte », alors qu’il n’est qu’un territoire, celui de la République, une et indivisible ? Nos associations demandent donc que soient garanties au sein de ce territoire les mêmes droits et libertés pour toutes et tous.

[1] Décision 2022-206 Défenseure des droits, 14 octobre 2022 relative à l’enfermement des enfants en rétention à Mayotte

Liste des associations du collectif  Mom:

Gisti, Association pour le droit des étrangers (ADDE), Fasti, Médecins du monde, Caritas, Comede, La Cimade, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Mrap, Aides, Elena, Syndicat des avocats de France (Saf), Sud Education.

Paris, le 29 novembre 2022

Communiqués de la LDH

Circulaire sur l’exécution des obligations de quitter le territoire (OQTF) et le renforcement des capacités de rétention

Communiqué de presse en réponse à la circulaire adressée le 17 novembre 2022 par Monsieur le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer aux Préfets portant sur l’exécution des obligations de quitter le territoire (OQTF) et le renforcement des capacités de rétention.

Les signataires du présent communiqué de presse dénoncent avec la plus grande force la position prise par le ministre de l’Intérieur dans son courrier du 17 novembre 2022 sur l’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF).

Cette circulaire, adressée aux préfets ainsi qu’aux directeurs généraux de la police nationale et de la gendarmerie, pose le principe de l’application identique des méthodes employées pour le suivi des étrangers délinquants à l’ensemble des étrangers faisant l’objet d’une OQTF.

Cette prémisse en elle-même constitue une atteinte grave à l’Etat de droit en ce qu’elle tend à assimiler des personnes n’ayant commis aucune infraction ni aucun crime à des personnes condamnées judiciairement et propose un traitement administratif similaire.

Si le courrier du ministre de l’Intérieur prend ainsi soin de rappeler que la législation européenne a imposé la suppression du délit de séjour irrégulier, c’est bien dans le sens d’un traitement punitif des étrangers en situation irrégulière qu’il s’inscrit.

Or une personne étrangère, quelle que soit la régularité de son séjour, ne saurait être traitée en
délinquant et punie pour sa seule situation administrative.

La systématisation de la délivrance des OQTF à l’égard de tout étranger en situation irrégulière, le souhait d’augmenter les décisions d’interdiction de retour et de refuser autant que possible les délais de départ volontaire, mais surtout l’inscription de ces personnes au fichier des personnes recherchées et l’assignation à résidence systématique des personnes non-placées en rétention, traduisent une politique à visée dissuasive qui renonce au principe d’un examen humain et individualisé des situations par l’administration.

L’ensemble des mesures évoquées par le ministre, en préconisant un tel traitement indifférencié des personnes en situation irrégulière, méconnaissent la complexité et la vulnérabilité des situations et des personnes tout en favorisant des mesures de privation de liberté qui portent atteinte aux libertés fondamentales.

Cette tendance régulière à renforcer les pouvoirs de l’autorité administrative privatifs ou limitatifs de libertés sans contrôle du juge fait planer une lourde menace sur l’Etat de droit.

Cette circulaire méconnait sciemment la réalité des personnes faisant l’objet d’une OQTF et oublie en particulier le nombre considérable d’OQTF délivrées non pas en raison d’un comportement qui troublerait l’ordre public mais en raison des dysfonctionnements propres à l’administration en charge des personnes étrangères. Comme il a été démontré par de nombreuses associations et par l’institution du Défenseur des Droits notamment, l’accès aux services étrangers a été largement réduit à l’occasion de la dématérialisation des procédures, précipitant ainsi de nombreuses personnes dans des situations administratives irrégulières faute d’avoir pu, à temps, faire renouveler leur titre de séjour.

Elle oublie aussi que l’un des principaux obstacles à l’exécution des mesures d’éloignement n’est pas le comportement des personnes qui en font l’objet mais le refus des pays tiers ou d’origine de les accueillir. Proposer en réponse toujours plus d’enfermement et de contrôles n’est donc pas seulement honteux et inique, ce sera aussi couteux et inefficace.

Elle tait enfin la réalité des personnes. Les OQTF sont susceptibles de toucher n’importe quelle personne étrangère et arrêtent brutalement le travail, les études, les liens affectifs, les vies – même lorsque celle-ci sont construites depuis des années en France.

Enfin il est important de rappeler qu’aucune condition de régularité de séjour n’est établie par la loi pour permettre l’accès ou le maintien dans un hébergement d’urgence. Le principe d’inconditionnalité de l’accueil permet à toute personne présente sur le territoire de bénéficier d’un hébergement et d’un accompagnement adapté à sa situation.

Les seuls effets de l’application des recommandations du ministre de l’Intérieur seront d’accroitre la société du contrôle et de l’enfermement, de précariser encore davantage une population déjà vulnérable qui contribue pourtant fortement à notre économie, de créer des conditions de vie encore plus inhumaine pour des familles entières, de renoncer à toute ambition d’intégration et d’accueil.

Liste des signataires :

Accueil Information de Tous les Etrangers d’Aix-en-Provence, Acina, Association de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés d’Aix-Marseille, Association des Usagers de la PADA de
Marseille, Asile, BAAM, Collectif Migrants 83, Dom’Asile, Droits D’Urgence, Emmaus France, ESPACE, Famille-France Humanité,Fédération des Acteurs de la Solidarité, Habitat Citoyenneté, Pantin Solidaires, Paris d’Exil, Mamama, Mecs du Bleymard « Le Sentier », Méditerranea Paris, Médecins du Monde, MRAP (Mouvement contre le racisme
et pour l’amitié entre les peuples), La Casa, La Chapelle Debout, La Cimade, Le Comède, LDH (Ligue des droits de l’Homme), LTF, Réseau Chrétien – Immigrés, Réseau Hospitalité, RESF 06 et 48, RUSF 13, Rosmerta, Roya Citoyenne, Samu Social de Paris, Secours Catholique – Délégation de Paris, Soutien 59 Saint-Just, Syndicat des Avocats de France, Tous Migrants, Thot, UniR Universités Réfugié.e.s., United Migrants, Utopia 56, Watizat.

Paris, le 28 novembre 2022

Communiqués de la LDH

28 novembre – Tribune “«Ocean Viking», autopsie d’un «accueil» à la française” publiée sur Libération

Tribune collective signée par la LDH, l’ADDE, l’Anafé, l’Ardhis, La Cimade, le Gisti, le Saf et le SM

La précipitation des autorités à mettre en place un dispositif exceptionnel de détention a occasionné une multitude de dysfonctionnements, d’illégalités et de violations des droits : un résultat dont personne ne sort gagnant et dont il va falloir tirer les leçons.

La sagesse, comme la simple humanité, aurait dû conduire à offrir aux rescapés de l’Ocean Viking des conditions d’accueil propres à leur permettre de se reposer de leurs épreuves et d’envisager dans le calme leur avenir. Au contraire, outre qu’elle a prolongé les souffrances qu’ils avaient subies, la précipitation des autorités à mettre en place un dispositif exceptionnel de détention a été la source d’une multitude de dysfonctionnements, d’illégalités et de violations des droits : un résultat dont personne ne sort gagnant.

Dix jours après le débarquement à Toulon des 234 rescapés de l’Ocean Viking – et malgré les annonces du ministre de l’Intérieur affirmant que tous ceux qui ne  seraient pas admis à demander l’asile en France seraient expulsées et les deux tiers des autres « relocalisées » dans d’autres pays de l’Union européenne – 230 étaient présents et libres de circuler sur le territoire français, y compris ceux qui n’avaient pas été autorisés à y accéder. Ce bilan, qui constitue à l’évidence un camouflet pour le gouvernement, met en évidence une autre réalité : le sinistre système des « zones d’attente », consistant à enfermer toutes les personnes qui se présentent aux frontières en demandant protection à la France, est intrinsèquement porteur de violations des droits humains.

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Communiqués de la LDH

IVG : un premier vote consensuel à confirmer

Communiqué LDH

Jeudi 24 novembre 2022, une très large majorité de l’Assemblée nationale a voté, de manière inattendue, sur tous les bans de l’hémicycle, un texte visant à inscrire dans la Constitution la protection du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) : « La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse. »

La LDH (Ligue des droits de l’Homme) salue la qualité de ce travail des parlementaires qui ont su dépasser, au nom de l’intérêt général, les clivages partisans pour s’accorder sur une expression volontariste et claire, en phase avec les attentes de toutes les personnes concernées.

La LDH appelle les membres de Sénat, forts de la richesse de ces débats, à aboutir avec la même sagesse à un vote conforme au consensus positif des députés.

Le Parlement aura alors pleinement rempli son rôle de législateur. Il doit être soutenu par le gouvernement qui s’est félicité de cet accord, par le dépôt d’un projet de loi reprenant la proposition de loi adoptée par les deux assemblées afin de permettre son adoption définitive par les parlementaires réunis en congrès.

Alors que nos institutions sont malmenées et l’équilibre nécessaire des pouvoirs à retrouver, cette initiative convergente entre les pouvoirs exécutif et législatif serait plus que bienvenue, tout en garantissant de manière pérenne le droit fondamental à l’IVG. 

Face aux difficultés connues et aux moyens insuffisants, la LDH, les mouvements féministes et les associations de défense des droits gagneront ainsi un nouveau levier dans leurs actions quotidiennes pour rendre ce droit réellement effectif sur tout le territoire, sans discrimination ni entrave.

Paris, le 25 novembre 2022

Communiqués de la LDH

La LDH dans les médias du 4 au 24 novembre 2022

Télécharger la revue de presse de la LDH du 4 au 24 novembre 2022.

Communiqués de la LDH

Pour le retrait de la proposition de Loi Kasbarian – Bergé

Appel à la manifestation, signé par la LDH, le 27 novembre, à 15h, place du Chatelet, à Paris

Car, elle prévoit :
–  de jeter en prison les occupants de logements vacants, mais aussi les personnes qui ne sont pas titulaires d’un bail en cours de validité
– d’expulser en 48h, sans décision du juge les occupants de logements vacants,
– d’accélérer les procédures d’expulsion sans relogement des locataires en difficulté et de limiter les capacité de prévention des impayés de loyer et de maintien dans le logement des locataires lorsqu’ils ont résorbé leur dette de loyer.

Dans ce contexte de hausse des prix, de stagnation des revenus, de hausse constante des loyers, du nombre de sans abris et de logements vacants, d’aggravation de la crise du logement  cette proposition de loi doit être retirée.

Il faut lutter contre la crise du logement et pas contre ses victimes !
 

Premiers signataires :  Construire, Dal, Fasti, FSU, Solidaires, LDH (Ligue des droits de l’Homme)

Communiqués de la LDH

24 novembre – Tribune “Morts de migrants dans la Manche : « Le nouvel accord franco-britannique, signé le 14 novembre, ne fait qu’entériner la logique sécuritaire »” publiée sur Le Monde

Tribune collective dont la LDH est signataire

Un an après le naufrage ayant entraîné la mort par noyade de trente et un migrants, dont des enfants, soixante-cinq associations humanitaires françaises, britanniques et belges travaillant sur les questions migratoires pointent, dans une tribune au « Monde », des manquements inacceptables de la part des secours français et anglais.

Le 24 novembre 2021, vers 14 heures, un navire de pêche aperçoit des dizaines de corps flottant dans les eaux glacées de la Manche. Un à un, les corps sont repêchés sans vie. Au moins vingt-sept personnes sont mortes noyées, quatre sont toujours portées disparues et deux ont survécu. Il y a un an survenait ainsi l’accident le plus meurtrier à la frontière franco-britannique depuis que les corps sans vie de trente-neuf personnes exilées vietnamiennes avaient été retrouvés dans un camion en 2019.

Kazhal, Hadiya, Maryam et tous les autres avaient quitté les côtes françaises sur une embarcation pneumatique la veille autour de 22 heures. Fuyant les conflits et la misère, toutes et tous avaient l’espoir d’atteindre l’Angleterre sains et saufs. Certains pour y retrouver leur famille, leur fiancé, d’autres pour fuir les conditions d’accueil en Europe, et beaucoup espéraient y travailler afin de soutenir leur famille restée au pays. Face à l’impossibilité d’une traversée sûre, Mhabad, Rezhwan, Mohammed et les autres se sont tournés vers les réseaux de passage.

Aux alentours de 2 heures du matin, dans la nuit noire, l’embarcation commence à prendre l’eau. Les enregistrements des appels aux secours français, révélés par Le Monde le 13 novembre, font froid dans le dos. Ils prouvent que de nombreux appels de détresse ont été reçus par les services de secours français et traités avec mépris. Des appels ont aussi été passés aux secours britanniques. Ces appels n’ont pas conduit au sauvetage de cette embarcation, ni de la part des Français ni de celle des Britanniques. Ils sont morts noyés dans une eau glacée. « On s’est tous tenu les mains jusqu’au bout », raconte Mohammed, rescapé.

Violence, soif, faim

Pshtiwan, Shakar, Fikiru et les autres venaient d’Afghanistan, d’Erythrée, d’Ethiopie, d’Irak, d’Iran, d’Egypte, de Somalie ou du Vietnam. Ces personnes avaient traversé des montagnes, des déserts, des mers, enduré la violence, la soif et la faim, elles avaient parcouru entre 3 000 et 10 000 kilomètres pendant des mois ou des années pour arriver là, sur le littoral français, sous une tente, à 33 kilomètres de leur objectif. Twana, Mubin et les autres avaient entre 6 et 59 ans, et avaient quitté leurs parents, leurs sœurs, leurs frères et leurs amis pour en arriver là.

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Communiqués de la LDH

Projet de loi asile et immigration 2023 : péril sur le droit d’asile !

Communiqué CFDA dont la LDH est signataire

Le 23 novembre 2022, M. Darmanin, ministre de l’Intérieur et Mme Backès, secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté ont invité quelques organisations à une table ronde sur l’exercice du droit d’asile, lançant la concertation souhaitée par la Première ministre sur le projet de loi relatif à l’asile et à l’immigration.

La Coordination française pour le droit d’asile (CFDA), qui a pourtant élaboré 15 conditions minimales pour que le droit d’asile soit un droit réel adressées à la secrétaire d’Etat, n’y a pas été conviée. Les mesures annoncées ce mercredi sont loin d’y répondre. Pire, elles conduisent au détricotage du système d’asile français, créé il y a 70 ans, sous l’apparence de mesures de simplification et de décentralisation :

  • le rattachement de services de l’office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) à des lieux intitulés « France Asile » pour déconcentrer les services d’introduction des demandes et les entretiens personnels, pourrait placer de fait les personnels de l’Ofpra sous l’autorité des préfets. Son indépendance concernant l’instruction des demandes d’asile, garantie par la loi, serait ainsi remise en cause ;
  • la déconcentration de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) et la généralisation du juge unique priveraient les personnes de la garantie d’être entendues par une formation collé. La présence d’une personnalité qualifiée nommée par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) parmi les trois juges fait aujourd’hui la spécificité de la Cour. De plus, la généralisation de la vidéo-audience n’augure rien de bon pour les personnes qui demandent l’asile ;
  • la prise d’une obligation de quitter le territoire, dès la décision de rejet de l’Ofpra, est une absurdité qui ajouterait de la complexité à la procédure. Cela remet en cause le principe constitutionnel de l’admission au séjour des demandeurs d’asile jusqu’à la décision définitive. Cela conduira aussi à notifier inutilement une décision d’éloignement à des personnes qui vont se voir octroyer une protection par la Cour ;
  • en promettant de rendre la « vie impossible » aux personnes faisant l’objet d’une obligation à quitter le territoire et notamment en leur restreignant l’accès à l’hébergement d’urgence, M. Darmanin remet en cause le principe de l’inconditionnalité de l’accueil dans ces lieux ;
  • le droit de travailler des demandeurs d’asile ne serait envisagé que pour certaines nationalités ayant un fort taux d’accord ou pour les demandes d’asile dont le traitement dure plus de six mois à l’Ofpra, ce qui est devenu rare. La France ne s’est toujours pas mise en conformité , malgré un arrêt de la CJUE de janvier 2021 et une décision du Conseil d’Etat de février 2022 avec les objectifs du droit européen, concernant l’accès au marché du travail des personnes demandant asile notamment« Dublinées ».

A l’heure où s’expriment ouvertement des idées xénophobes et racistes, ce projet de loi ne répond pas aux enjeux auxquels le dispositif de protection et d’accueil des personnes qui demandent l’asile est confronté. La CFDA demande son retrait.

Paris, le 23 novembre 2022

Télécharger le communiqué “Projet de loi asile et immigration 2023 : péril sur le droit d’asile !” en PDF

 

 

Communiqués de la LDH

Pour la libération immédiate d’Alaa Abd el-Fattah

Tribune collective signé par la LDH

Dans un appel soutenu par la ligue des droits de l’Homme, 67 parlementaires exhortent à la libération immédiate d’Alaa Abd el-Fattah, écrivain et défenseur des droits humains emprisonné en Égypte et très affaibli par sa longue grève de la faim.

Le blogueur, écrivain et défenseur des droits humains Alaa Abd el-Fattah est emprisonné en Égypte depuis des années pour avoir courageusement usé de sa liberté d’expression.

Son destin est devenu un symbole. Consécutivement à sa longue grève de la faim, il est très affaibli. Sa famille, qui a enfin pu le rencontrer le 17 novembre, demande à tous ceux qui sont attachés aux droits de l’Homme d’exprimer leur soutien.

Nous, parlementaires, faisons nôtre la déclaration du Haut Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU de « relâcher immédiatement Abd el-Fattah de la prison ».

Nous espérons que les autorités européennes, le gouvernement français et ceux des pays européens insisteront pour qu’il puisse immédiatement embarquer dans un avion européen pour un pays de son choix.

Signataires :

Nadège Abomangoli, député de Seine-Saint-Denis ; François Alfonsi, eurodéputé ; Christine Arrighi, députée de Haute-Garonne ; Éliane Assassi, présidente du groupe CRCE au Sénat ; Manon Aubry, Co-Présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen ; Lisa Belluco, vice-présidente de la Commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire de l’Assemblée nationale ; Christophe Bex, député de la Haute-Garonne; Benoît Biteau, vice-président de la Commission de l’Agriculture et du Développement rural du Parlement européen ; Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône ; Louis Boyard, député du Val-de-Marne ; Daniel Breuiller, sénateur du Val-de-Marne ; Damien Carême, eurodéputé ; Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste de l’Assemblée nationale ; Sophia Chikirou, députée de Paris ; Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne ; Éric Coquerel, président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale ; Alexis Corbière, député de la Seine-Saint-Denis; David Cormand, eurodéputé ; Pierre Dharrévile, vice-président de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale ; Gwendoline Delbos-Corfield, eurodéputée ; Karima Delli, présidente de la Commission du Transport et du tourisme du Parlement européen ; Emmanuel Fernandes, député du Bas-Rhin ; Charles Fournier, député de l’Indre-et-Loire ; Arnaud Le Gall, député du Val-d’Oise ; Marie-Charlotte Garin, députée du Rhône ; Raquel Garrido, députée de la Seine-Saint-Denis ; André Gattolin, vice-président de la Commission des affaires européennes ainsi que de celle des affaires étrangères et de la défense du Sénat ; Michelle Gréaume, sénatrice du Nord ; Claude Gruffat, eurodéputé ; Jérôme Guedj, député de l’Essonne ; Clémence Guetté, députée du Val-de-Marne ; Yannick Jadot, eurodéputé ; Hubert JulienLaferrière, député du Rhône ; Éric Kerrouche, sénateur des Landes ; Maxime Laisney, député de Seine-et-Marne ; Pierre Laurent, vice-président du Sénat ; Élise Leboucher, députée de la Sarthe ; Jean-Paul Lecoq, vice-président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale ; Charlotte Leduc, députée de la Moselle ; Jérôme Legavre, député de la Seine-Saint-Denis ; Benjamin Lucas, député des Yvelines ; Fréderic Mathieu, député d’Ille-et-Vilaine ; Marianne Maximi, députée du Puy-de-Dôme ; Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme ; Danièle Obono, députée de Paris ; Younous Omarjee, président de la Commission du Développement régional au parlement européen ; Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale ; Francesca Pasquini, députée des Hauts-de-Seine ; Sébastien Peytavie, député de la Dordogne ; Marie Pochon, députée de la Drôme ; Thomas Portes, député de la Seine-Saint-Denis; Jean-Claude Raux, député de la Loire-Atlatique ; Michèle Rivasi, eurodéputée ; Caroline Roose, eurodéputée ; Laurence Rossignol, vice-présidente du Sénat, ancienne ministre ; Sandrine Rousseau, députée de Paris ; Sabrina Sebaihi, député des Hauts-de-Seine ; Mounir Satouri, eurodéputé ; Danielle Simonnet, députée de Paris ; Aurélien Taché, député du Val-d’Oise ; Bénedicte Taurine, députée de l’Ariège ; Marie Toussaint, eurodéputée ; Aurélie Trouvé, députée de la Seine-Saint-Denis ; André Vallini, sénateur de l’Isère, ancien ministre ; Paul Vannier, député du Val-d’Oise ; Mélanie Vaugel, sénatrice des français de l’étranger ; Léo Walter, député des Alpes-de-Haute-Provence

Paris, le 23 novembre 2022

Communiqués de la LDH

Une attaque sans précédent contre la liberté de la presse

Nous, sociétés de journalistes, associations de défense du droit à l’information, organisations et collectifs de journalistes, médias, dénonçons avec force la décision du tribunal judiciaire de Paris de faire injonction à Mediapart de ne pas publier de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, après celles du chantage à la sextape. Cette censure préalable, décidée sans débat contradictoire, est une grave et flagrante attaque contre la liberté de la presse.

Comment une telle décision a-t-elle pu être rendue, en dehors de toute contradiction, alors qu’il existe pourtant des procédures d’urgence, qui auraient permis à Mediapart de se défendre ?

Depuis la loi du 29 juillet 1881 qui a instauré en France le droit d’information et la liberté d’expression, jamais une telle procédure, à notre connaissance, n’avait été utilisée pour censurer préalablement un média.

Dans un contexte où un industriel a récemment détourné le droit de la presse pour poursuivre un média devant les tribunaux de commerce, où des hommes d’affaires multiplient les procédures bâillons et où de nombreux journalistes se voient refuser l’accès à des données d’intérêt public au nom du “secret des affaires”, cet acte liberticide nous inquiète profondément quant à la situation de la liberté de la presse en France.

Nous sommes solidaires de nos consœurs et confrères de Mediapart et nous nous tenons à leurs côtés.

Premières sociétés de journalistes signataires :

SDJ de Premières Lignes, SDJ d’Arrêt sur Images, SJPL de Libération, SDJ de l’Humanité, SDR de La Vie, SDJ de BFMTV, SDJ de M6, SDJ de France 2, SDJ de FranceInfo.fr, SDJ de Paris Match, SDJ de Télérama, SDJ de Public Sénat, SDJ de Marianne, SDJ de Courrier international, SDJ des Échos, SDJ de Midi Libre, SDJ de France 24, SDJ de La Tribune, SDR de l’Obs, SDJ du Figaro, SDJ de France 3 Rédaction Nationale, SDJ de L’Usine Nouvelle, SCJ de Sud Ouest, SDJ NRJ Group, SDJ de RTL, SDR du Monde, SDJ de RFI, SDJ de l’AFP, SDJ de l’Express, SDJ du Parisien / Aujourd’hui-en-France, SDJ du JDD, SDJ de Radio France, SDJ de LCI, SDJ de RMC, SDJ de M6, SDJ de Challenges, SDJ de TF1, SDJ de Franceinfo TV

Premières associations, collectifs et organisations signataires :

Informer N’est Pas un Délit, Reporters Sans Frontières, Fédération Internationale des Journalistes, Association de la Presse Judiciaire, Profession Pigiste, SNJ, SNJ-CGT, CFDT Journalistes, F3C CFDT, SGJ-FO, We Report, Splann !, Forbidden Stories, Collectif Extra Muros, Association des journalistes économiques et financiers, SCAM, Association des Journalistes de l’Information Sociale, Prix Albert Londres, Maison des Lanceurs d’Alerte, Fonds pour la presse libre, Anticor, Europresse, Un Bout des Médias, LDH (Ligue des droits de l’Homme), APESAC

Premiers médias signataires :
Reflets.Info, La Tribune, Médiacités, Politis, Les Jours, Regards, Blast, AOC

Paris, le 22 novembre 2022

Communiqués de la LDH