Communiqué LDH
Josette Audin est décédée samedi 2 février à l’âge de 87 ans, après avoir mené pendant soixante-et-un ans un combat inlassable pour obtenir la vérité sur la mort de son mari, Maurice Audin, enlevé, torturé et assassiné à Alger en juin 1957 par des militaires français durant la guerre d’Algérie. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) salue la mémoire de cette grande militante de la justice et adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances.
Dès la publication du livre L’Affaire Audin de Pierre Vidal-Naquet en mai 1958, la LDH, avec son président Daniel Mayer, s’est engagée fortement, aux côtés du Comité Maurice-Audin, pour que la vérité soit reconnue sur sa disparition et aussi pour dénoncer la pratique de la torture par l’armée française en Algérie. Depuis, avec Josette Audin, elle n’a cessé de prendre des initiatives pour obtenir la fin d’un mensonge d’Etat qui prétendait que Maurice Audin s’était évadé. Enfin, le 13 septembre 2018, le président de la République, Emmanuel Macron, a rencontré Josette Audin à son domicile pour lui demander pardon au nom de la France et a publié une déclaration importante reconnaissant non seulement la responsabilité de l’armée française dans sa mort mais aussi la pratique systématique de la torture par l’armée française dans cette période. Ainsi, la détermination constante de Josette Audin et de ses soutiens a permis le rétablissement de la vérité sur le triste sort de Maurice Audin, sans oublier qu’il a été l’une des milliers de victimes de cette répression massive qu’on a appelée la « bataille d’Alger », pendant le premier semestre de 1957.
La persévérance exemplaire de Josette Audin a ouvert la voie de la justice et de la vérité sur une période sombre de l’histoire de France. Son combat est à poursuivre en fidélité à son engagement. Avec l’Association Maurice-Audin, la LDH demande que la vérité soit maintenant dite sur ces milliers de disparitions et soutient le site Internet 1000autres.org, qu’elle a créé pour documenter leurs cas. Au moment où la pratique de la torture suscite encore des justifications scandaleuses, il ne s’agit pas seulement de reconnaître une page de notre passé, c’est aussi un enjeu de notre présent.
Paris, le 4 février 2019
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