« Économie et société : fragmentations ou refondations ? »

Programme de l’université d’automne de la LDH
Espace Reuilly (21 rue Hénard, 75012 Paris)
29 et 30 novembre 2014

 

Avec la persistance de la stagnation de l’activité, d’un chômage massif et de déséquilibres macroéconomiques structurels, le poids de l’économie sur la société est plus lourd que jamais. La crise est aussi sociale, environnementale et politique. Elle accentue les inégalités et, plus structurellement, remet en cause l’organisation d’ensemble de la société, elle la fragmente.

Pour apprécier ces tendances et leurs enjeux, trois approches seront privilégiées :

• l’appréciation de la domination économique et sociale, des mécanismes de mise en concurrence et d’exclusion qu’elle met en place ;

• la confrontation du modèle républicain d’égalité avec les discriminations anciennes et nouvelles qui se développent aujourd’hui ;

• la prise de conscience des limites des ressources de la planète et, simultanément, de l’appartenance de notre pays à un ensemble international plus interdépendant.

 

L’université d’automne s’organise en quatre demi-journées.

 

● SAMEDI MATIN

 

I. Mondialisation, constructions sociales et défense des droits

 

1. Marchandisation compétitive, inégalités et lien social

animateur : Michel Savy,  responsable du groupe de travail « Économie, travail et droits de l’Homme »

L’économie française est imbriquée dans un ensemble caractérisé par la « globalisation » des investissements et des échanges. Chaque système productif est mis en coopération et en concurrence avec ses voisins comme avec le monde entier dans un mouvement de restructuration, convergence et divergence, que la crise ne ralentit pas.

Les systèmes de solidarité, composante fondamentale du lien social, sont touchés par ces évolutions, et le principe européen de subsidiarité évoqué en cette matière est vidé de sens. Etablir que le modèle social européen, et singulièrement français, est un atout et non un handicap dans cette concurrence marchande est une bataille politique majeure.

 

2. Contrôles et libertés

animatrice : Maryse Artiguelong, responsable du groupe de travail « Libertés et Tic »

L’Internet est un espace planétaire d’échanges d’informations et de services, un média de communications et de liberté d’expression. L’utilisation de cet espace a un « coût » : nos données personnelles. Leur utilisation permet aux entreprises d’établir nos profils, de susciter nos besoins, et aux institutions d’analyser nos comportements et nous suivre à la trace, tels des terroristes potentiels.

Au nom de la défense de la vie privée pour certains, du rétablissement de la confiance des internautes consommateurs pour d’autres, se pose la question de la gouvernance de l’Internet : ceux qui détiennent les technologies peuvent-ils décider de la sécurité, la confidentialité, la neutralité du net ? Quels Etats, quelles autorités ont le pouvoir de décider de protéger les droits des citoyens ?

 

● SAMEDI APRÈS-MIDI

 

II. Mondialisation, replis identitaires et modèle républicain

 

3. Crispations réactionnaires

animateur : André Déchot, responsable du groupe de travail « Extrêmes droites »

Face à la crise du modèle néolibéral et conservateur dominant qui engendre l’individualisme et l’accentuation des inégalités et des discriminations, des solidarités anciennes ou inédites se cristallisent. Elles sont diverses dans leur nature et leurs objectifs. Certaines peuvent être qualifiées de « culturelles ». D’autres relèvent de réactions « souverainistes » ou se revendiquent du peuple. Sont-elles toutes rétrogrades ? De quelles aspirations et de quelles peurs sont-elles l’expression ? Quelle attitude adopter face à ces expressions politiques ?

 

4. Réactions racistes et sexistes

animatrice : Nadja Djerrah, membre du Bureau

La société fragmentée, c’est l’individu sans lien, sans sens, sans histoire. L’individu tenté de se rattacher à un groupe intermédiaire, identitaire, pour rompre sa solitude. Le danger, c’est la construction illusoire de la supériorité face aux autres catégories : altérité, différence, supériorité sont des défenses dangereuses. Chaque Autre devient un inférieur ou un ennemi. Quand ce processus rejoint des systèmes de domination historiquement construits, comme le colonialisme ou le patriarcat, il prend une ampleur redoutable.

 

● DIMANCHE MATIN

 

5. Laïcité, universalisme et pluralisme

animateurs : Daniel Boitier et Alain Bondeelle, coresponsables du groupe de travail « Laïcité »

Dans un contexte bouleversé, la laïcité est redevenue un enjeu idéologique. Fondée sur la garantie d’une égale liberté, elle ne s’accommode ni d’un universalisme abstrait, masque à une assimilation « occidentaliste », ni d’une fragmentation communautariste juxtaposant des identités conflictuelles et négatrices de la liberté de conscience et de l’égalité. Il nous faut refuser de confondre égalité et uniformité, tout en évitant le piège d’une « diversité », alibi des culturalismes.

 

6. Démocratie territoriale

animateur : Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la LDH

La tradition d’uniformité indivisible française se heurte à une demande démocratique articulant des niveaux territoriaux de plus en plus nombreux (local, régional/territorial, national, européen, voire mondial). La résolution « République, diversité territoriale et universalité des droits » du congrès de Niort affirme la nécessité de mieux organiser ces appartenances, pour faire des singularités et des identités territoriales non des facteurs de replis identitaires ou inégalitaires mais des vecteurs d’effectivité démocratique et de solidarité citoyenne. C’est à cette aune que nous pourrons aborder la réforme territoriale qui fait l’actualité.

 

● DIMANCHE APRÈS-MIDI

 

III. Globalisation et biens communs de l’humanité

animateurs : Jean-Louis Galzin, responsable du groupe de travail « Développement durable », et Jan Robert Suesser, responsable du groupe de travail « Europe »

 

7. Démocratiser la mondialisation

Le terme de bien commun porte un espoir, la réhabilitation du « penser ensemble » pour un avenir planétaire durable. Nous chercherons à approfondir ces mécanismes démocratiques à (ré)apprendre, et à voir sur quelques exemples (eau, terres cultivées, mais aussi accès à la connaissance) comment les articuler aux droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux, aux besoins, à l’accès à la rareté, pour une issue démocratique aux défis d’aujourd’hui.

 

Conclusions de Pierre Tartakowsky, président de la LDH

Communiqués de la LDH

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