La LDH soutient le film « Ana Arabia », d’Amos Gitaï

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Alors que s’éternise l’impossibilité désespérante de l’aboutissement de négociations israélo-palestiniennes et de la création d’un État palestinien, Amos Gitaï nous offre une pause bienfaisante. Mais nostalgique d’un temps où, sous mandat britannique, les deux peuples, selon ses personnages, cohabitaient sans racisme ni conflit.

Au cours d’un unique plan-séquence de 85 minutes, le spectateur suit Yaël, jeune journaliste israélienne venue enquêter dans une famille de Jaffa. Youssouf, arabe israélien, est propriétaire de sa maison, ancienne menuiserie de sa famille, désormais pourvue d’un côté d’un atelier de ferraillage, dont il vit pauvrement, et de l’autre d’un beau jardin de citronniers. Il refuse l’expulsion ordonnée par la mairie.

Yaël écoute et la parole se libère avec une simplicité inattendue. Elle découvre l’amour de Youssouf, de ses enfants et de ses amis pour cette maison et pour cette terre qui sont les leurs, et leur aspiration à une vie simple et rurale, hors de la consommation et de la modernité. Et peu à peu se révèlent les secrets d’une famille hors norme. Ana, la femme de Youssouf, était juive polonaise, enfant rescapée d’Auschwitz avec sa mère. Aimant un arabe malgré les menaces communautaires, elle l’avait épousé, avait créé de ses mains le jardin et transmis à ses enfants l’amour de la maison. Elle était adorée de tous. Avec Youssouf, sa fille Myriam et son fils Walid, vit Sarah, originaire de Naplouse où sa maison a été détruite. Elle est la veuve d’un quatrième enfant, Jihad, le fils qui avait mal tourné, héritier des violences de l’Histoire, battant sa femme parce qu’elle était arabe. Sarah raconte avec pudeur sa vie difficile, Myriam cultive silencieusement le jardin. Juifs, arabes, tous ces personnages magnifiques vivent ensemble et veulent juste continuer : « Rien ne vaut la vie ici. On a tout ici. »

Myriam rêve régulièrement que la maison va s’effondrer. On comprend pourquoi à la fin du film, quand la caméra s’élève vers les HLM qui sont juste derrière, vers la banlieue et l’agglomération de Tel-Aviv, avec des voitures rutilantes et de grands bâtiments modernes : le jardin de Youssouf n’est plus qu’une enclave précaire. Yaël repart silencieusement, bouleversée par ce qu’elle a vu et par les êtres qu’elle a rencontrés.

La critique a salué ce film comme un message d’espoir, celui d’une fraternité retrouvée. On peut aussi y voir un échec programmé, celui de la résistance des petits paysans et artisans au développement urbain et à la modernité, et celui du rêve du vivre ensemble dans ce monde en guerre.

 

Ana Arabia
Fiction
, France, Israël, 2014
Durée : 85 mn
Réalisation : Amos Gitaï
Distribution : Océan Films

Communiqués de la LDH

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