Police des mœurs pour tous ?

Communiqué du collectif « Liberté, Egalité, Fraternité »

La haine poursuit son chemin. Il y a quelques jours, les dirigeants du Front national lisaient sur les lèvres d’une ministre pour réclamer, rien de moins, sa démission. Ecouter une cantatrice chanter la Marseillaise serait, semble-t-il, moins « français » que de la fredonner à l’unisson. Il y a quelques jours, Le Figaro a décidé de faire flèche de tout bois en accréditant une rumeur et en faisant régner une atmosphère de scandale sexuel autour d’un événement à la fois sympathique et anodin : la journée dite « Ce que soulève la jupe ».



De quoi s’agit-il ? D’une journée de lutte contre le sexisme et les discriminations. Elle est née en 2006 ; et, depuis sa naissance, s’est toujours bien passée. Cette initiative appartient aux lycéen-ne-s. Elle est prise à l’initiative des jeunes du Conseil académique à la vie lycéenne, puis validée par l’académie.

Ce désir de s’opposer aux discriminations honore la jeunesse.

Pourtant, la campagne engagée par Le Figaro a immédiatement été prise en relais par des associations ad hoc pour hurler au viol des consciences, dénoncer, sur le même mode que des intégristes musulmans l’ont fait, l’enseignement de la théorie du genre, bref, sonner le tocsin des bonnes mœurs contre leur décadence.

Une fois de plus, c’est l’égalité qui est la cible de ces cris d’orfraie, une fois de plus, ce sont ses partisans que l’on tente d’intimider, de culpabiliser et de réduire au silence.

Stigmatiser l’engagement de ces jeunes pour les droits contre les discriminations faites aux femmes, c’est, en creux, avouer sa préférence pour un ordre patriarcal qui entend cantonner hommes et femmes, filles et garçons à une place déterminée et perpétuer d’autres différentiations entre les sexes que la différence physique. C’est refuser l’égalité de toutes et tous dans le champ politique, social, et dans la vie privée et familiale. C’est participer à un mouvement qui attaque les droits des femmes et menace ce qui a été acquis, après de longues luttes par les femmes et les associations féministes. Au-delà, c’est nourrir une offensive contre les valeurs fondatrices de la République, et les droits de toutes et tous.

Regroupées dans le collectif « Liberté, Egalité, Fraternité » autour de l’initiative « Pour un avenir solidaire » afin de faire échec aux idées d’extrême droite, nous, associations de défense des droits, acteurs d’éducation populaire et organisations syndicales, apportons notre soutien plein et entier aux lycéennes et lycéens qui entendent aller au bout de leur démarche, démarche pleinement citoyenne.

Au-delà, nous alertons les citoyennes et citoyens contre les tentatives répétées de l’extrême droite à multiplier les intimidations verbales et physiques pour s’imposer comme garante, ici, de la sécurité physique des usagers de transports publics, là, comme arbitre des bonnes mœurs.

Nous appelons toutes et tous à exprimer leur solidarité et à opposer leur refus à chacune de ces tentatives, en lien avec celles et ceux qui en sont la cible.

Pour un avenir solidaire

www.avenirsolidaire.org

Paris, le 16 mai 2014

Communiqués de la LDH

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