Un appel d’Alternatives économiques : « Les 3% c’est pas maintenant » .

Alternatives économiques lance un appel intitulé « les 3% c’est pas maintenant ». Un entretien avec Guillaume Duval



LDH : Alternatives économiques lance un appel intitulé « les 3% c’est pas maintenant ». De quoi s’agit-il ?
Guillaume Duval : De l’engagement pris par le président de la République de ramener les déficits publics français sous la barre des 3 % du PIB dès 2013. Certes, nous approuvons la volonté manifestée par François Hollande de rétablir l’équilibre des finances publiques au cours de son quinquennat après une décennie de cadeaux fiscaux aux plus aisés et aux entreprises qui ont notablement contribué à creuser ces déficits. Mais justement, pas maintenant.

LDH : qu’est-ce qui motive ce refus ?

Guillaume Duval : Nous faisons un double constat : la conjoncture se dégrade, nettement. Le chômage quant à lui, continue de croître avec son corollaire, la pauvreté. Dans ces conditions, l’objectif fixé nous semble inatteignable et contreproductif. L’économie française stagne depuis de longs mois et elle est probablement entrée en récession l’été dernier. C’est aussi le cas, depuis plus longtemps encore, de la zone euro dans son ensemble. Dans ces conditions vouloir ramener de 4,5 % en 2012 à 3 % du PIB les déficits publics dès 2013 risque de plonger l’économie française dans la dépression et de faire bondir le chômage alors que celui-ci vient déjà de battre les records établis dans les années 1990. Une hausse qui serait socialement et politiquement inacceptable.

LDH : mais assainirait-elle l’économie, en permettant un nouveau départ, sur des bases assainies ?

Guillaume Duval : Pas même. Au bout du compte, l’objectif de 3 % de déficit ne serait pas atteint et que l’endettement public continuerait à s’accroître ainsi qu’en attestent les situations Italienne, Espagnole ou Grecque. Compte tenu du poids de l’économie française, seconde économie européenne, une telle politique risquerait de surcroît d’aggraver de façon significative les difficultés de la zone euro et de relancer la crise des dettes souveraines européennes.

LDH : Dans ces conditions, quelle proposition opposez-vous a l’objectif gouvernemental ?

Guillaume Duval : Il est urgent de repousser le retour à 3 % de déficit public. D’ailleurs, la plupart des économistes le recommandent. Cela s’appelle s’adapter aux circonstances lorsque celles-ci ont changé et c’est le cas, ce qui rend la promesse de rétablissement rapide intenable et contreproductive. Mieux vaut trouver les moyens de convaincre les chefs de gouvernement européens de la nécessité de repousser cette échéance. Il vaut mieux affronter aujourd’hui les difficultés liées à un tel renoncement que de constater demain qu’on n’a pas atteint les 3 % de déficit après avoir plongé le pays dans la récession et accumulé des dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires.

Pour des raisons de commodité et de rapidité, l’appel d’Alternatives économiques a été mis en ligne sous la forme d’un « évènement Facebook ».
Il peut être signé ici

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