Monsieur le ministre de la Santé et de la Prévention, il faut empêcher l’expulsion d’une personne malade dont la vie serait mise en danger par un renvoi dans son pays !

Communiqué de l’Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE) dont la LDH est membre

Nos associations interpellent François Braun, le ministre de la Santé et de la Prévention sur une situation particulièrement inquiétante.

Le service médical de l’Office français de l’immigration (Ofii) a validé l’expulsion d’un guinéen, séropositif, actuellement enfermé en centre de rétention administrative.

Pourtant, cette personne se trouve à un stade avancé de son affection au VIH, avec une immunodépression sévère, nécessitant une trithérapie et un traitement préventif des affections opportunistes. Son pronostic vital est engagé en cas de renvoi en Guinée.

Les associations dénoncent cette décision médicale de l’Ofii en violation manifeste des recommandations du ministère de la Santé[1] et du principe protecteur du droit à la santé.

Nous demandons au ministre de la Santé et de la Prévention d’empêcher l’expulsion d’un malade dont la vie serait mise en danger par un renvoi dans son pays d’origine en raison d’une décision erronée du service médical de l’Ofii.

L’ODSE est composé de : Act Up Paris, Act Up Sud-Ouest, l’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS), Aides, Aract, le Catred, Centre Primo Lévi, La Cimade, Le Comede, le Comegas, Créteil Solidarité, Dom’Asile, Droits d’urgence, la FTCR, le Gisti, La case de santé, la LDH (Ligue des droits de l’Homme), Médecins du monde, Médecins sans frontières, Migrations Santé Alsace, le Mouvement français pour le Planning familial (MFPF), le Mrap, le Réseau Louis Guilloux, Sida Info Service (SIS), Solidarité sida, Solipam, SOS Hépatites.

[1] L’arrêté du 5 janvier 2017 du ministère de la Santé et des Solidarité est consultable sur Légifrance : Arrêté du 5 janvier 2017 fixant les orientations générales pour l’exercice par les médecins de l’Office français de l’immigration et de l’intégration, de leurs missions, prévues à l’article L. 313-11 (11°) du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile – Légifrance (legifrance.gouv.fr)

 

Paris, 14 septembre 2022

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Communiqués de la LDH

Journée du 28 septembre : le droit à l’avortement doit être reconnu comme droit fondamental partout et tout le temps

Communiqué commun dont la LDH est signataire

Aux Etats-Unis, la Cour Suprême a osé en juin dernier remettre en cause le droit à l’avortement qui dépendra désormais des différents Etats. À ce jour déjà 18 Etats interdisent l’avortement ou sont en passe de le faire, quatre réduisent son accès.

Les femmes venant de l’Ukraine en guerre, réfugiées en Pologne, se voient refuser un droit auquel elles avaient pourtant accès dans leur pays.

Les femmes d’Amérique latine, de l’Équateur au Pérou en passant par le Salvador et le Brésil, luttent sans relâche pour arracher ce droit, durement réprimé. Les Argentines et les Colombiennes l’ont obtenu de haute lutte.

Les femmes d’Afrique et du Moyen-Orient, en majorité, vivent dans des pays où l’avortement est totalement interdit ou très restrictif.

En Europe même, ce droit est encore dénié aux femmes de Pologne, Malte, Andorre, Monaco. Il est considérablement entravé en Espagne et en Italie par le nombre important de médecins qui se réfugient derrière leur clause de conscience pour exercer un refus de soin alors que l’avortement est
un droit.

 

L’avortement est un droit qui est toujours attaqué !

En France, l’accès à l’avortement est empêché par les fermetures de maternités de proximité et donc de centres d’interruption volontaire de grossesse, les diminutions de budgets alloués aux associations féministes, la double clause de conscience qui perdure et les délais qui sont plus restrictifs que dans d’autres pays européens et obligent encore des femmes à avorter à l’étranger ! Une loi de février 2022 a entériné le fait que les sages-femmes puissent pratiquer des IVG «instrumentales » mais les décrets d’application ne sont toujours pas publiés !

En France, en Europe et dans le monde, des forces politiques réactionnaires de droite, d’extrême droite, intégristes religieuses, s’acharnent à empêcher les femmes d’avorter. Elles visent à faire perdurer le contrôle patriarcal sur le corps des femmes. Il est grand temps de garantir le droit à l’avortement en l’inscrivant dans la Constitution française et dans la Charte européenne des droits fondamentaux !

Des femmes et des filles meurent toujours dans le monde car elles ne peuvent avorter en sécurité. D’autres sont emprisonnées durant de nombreuses années. Ceci constitue une violation des droits humains que nous continuerons à combattre au niveau international.

 

L’avortement est un droit fondamental dont chaque femme doit pouvoir bénéficier !

Exigeons des engagements fermes, des ressources humaines et financières dédiées pour que partout dans le monde les femmes puissent avorter librement, sans frais, et en toute sécurité !

Les droits des femmes à disposer de leur corps, le droit à la santé, les droits sexuels et reproductifs sont des droits fondamentaux. Ils concourent à la réalisation pleine et entière de tous les autres droits et à l’émancipation de toutes et tous !

 

Toutes et tous dans la rue le 28 septembre 2022 pour la Journée internationale pour le droit à l’avortement

 

Premier.e.s signataires : ANCIC, ANSFO, CADAC, CGT, CNDF, les Dyonisiennes, les Effronté.es, Femmes égalité, Femmes solidaires, FSU, LDH, LFI, LFID, Maison des femmes de Montreuil, Maison des femmes de Paris, Marche mondiale des femmes France, OLF, On Arrête Toutes, NPA, Planning familial, Planning familial 94, PCF, Las Rojas, StopVOG, Sud PTT, Sud Santé sociaux, Union Syndicale Solidaires

Paris, le 13 septembre 2022

Communiqués de la LDH

13 septembre 2022 – Tribune collective “Afghanistan : la lutte pour le respect des droits fondamentaux doit continuer” publiée dans Le Monde

Tribune collective signée par plusieurs personnalités dont Patrick Baudouin, président de la LDH

Depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021, 41 millions d’Afghans subissent une catastrophe humanitaire majeure. Un collectif de personnalités du monde associatif et syndical, des médias et de la culture, parmi lesquelles Ariane Mnouchkine, Patrick Baudouin ou Céline Parisot réitèrent, dans une tribune au « Monde », leur soutien aux populations prises dans cet engrenage de terreur.

Il y a vingt et un ans, le 11 septembre 2001, les Etats-Unis subissaient des attaques terroristes de grande ampleur. Deux mois plus tard, le régime des talibans, au pouvoir en Afghanistan depuis cinq ans, prenait fin. Il est désormais de retour.

Cela fait un peu plus d’un an déjà que les talibans règnent de nouveau sur l’Afghanistan en fondant tout le système légal, social et juridique du pays sur des règles religieuses. Depuis leur prise de pouvoir, quarante et un millions de personnes, soit presque l’équivalent des deux tiers de la population française, subissent une catastrophe humanitaire majeure.

Les premières victimes de cette nouvelle organisation de la société sont les femmes, privées de leurs droits fondamentaux, forcées à la soumission dans les cadres personnel et professionnel, touchées de plein fouet par une répression dramatique. Défenseurs des droits humains, journalistes, artistes, magistrats, avocats, toutes celles et tous ceux qui rejettent ce régime subissent aussi des persécutions quotidiennes. Tous et toutes craignent pour leur vie et celle de leurs proches.

Alors ils se terrent et, quand ils le peuvent, ils fuient. Celles et ceux qui sont arrivés à obtenir un visa et une autorisation de relocalisation en Europe sont souvent bloqués au moment de quitter le pays. Celles et ceux qui, au prix de mille difficultés, sont parvenus à se réfugier dans un Etat voisin demeurent en transit dans ces pays limitrophes durant de longs mois et ne peuvent pas rejoindre la France.

« Nous avions beaucoup de projets pour le peuple afghan. Tout a été ruiné en une semaine avec l’arrivée des talibans : ils ne respectent ni les droits de l’homme, ni les droits des femmes. » Ainsi s’alarmait, déjà en 2021, le bâtonnier de Kaboul. « Je demande encore une fois (…) à la communauté internationale de nous aider. Il faut agir très vite. » Cet appel au secours ne peut pas, ne doit pas nous laisser indifférents.

Face à ce désastre, de nombreuses organisations sont mobilisées pour porter secours aux Afghans et aux Afghanes persécutés.

Lire la suite sur Le Monde

Communiqués de la LDH

La LDH soutient “La combattante”, un documentaire de Camille Ponsin

Sortie en salle le 5 octobre 2022

Dans son appartement sous les toits de Paris, au milieu de dossiers et de journaux, une toute petite dame de 90 ans, ethnologue à la retraite, et spécialiste du Soudan et du Tchad, et particulièrement de la région du Darfour, accueille depuis une dizaine d’années pour des entretiens approfondis des réfugiés ayant survécu au génocide du Darfour, dont l’OFPRA a rejeté la demande d’asile et qui souhaitent présenter un recours auprès de la CNDA (Cour Nationale du Droit d’Asile). Par sa connaissance très pointue de ce territoire où elle a effectué de nombreuses missions et sa proximité avec les populations noires-africaines, Marie-José Tubiana est en effet la seule experte qui puisse les aider à constituer un dossier prouvant leur origine géographique et ethnique ainsi que la véracité de leur histoire, conditions exigées par l’OFPRA pour leur accorder l’asile.

Au fil des 5 rendez-vous entre Marie-José Tubiana et les demandeurs d’asile qu’elle va interroger longuement avec une bienveillance et une attention immenses, tout en exigeant d’eux des précisions capitales pour étayer leur témoignage, on remonte aux origines du génocide du Darfour déclenché par le président du Soudan Omar el-Béchir en 2003 et qui perdure au-delà de sa chute en 2019. Ce dernier, musulman issu d’une tribu arabe, prend le pouvoir en 1989, instaure au Soudan la charia et un islamisme radical, qu’il veut imposer aux populations noires–africaines musulmanes du Darfour, celles-là mêmes qui vont se rebeller contre le gouvernement en 2002. Omar el -Béchir décide alors de les anéantir et de rayer leurs territoires de la carte en pratiquant le pillage et la politique de la terre brûlée avec l’aide de l’armée soudanaise et des terribles milices « janjawid » :  depuis 2003, 3000 villages du Darfour ont entièrement disparu, et avec eux les preuves de l’origine de millions de réfugiés. Or l’OFPRA refuse de leur accorder l’asile politique mais ne dispose apparemment pas des moyens de vérifier leurs récits. C’est là qu’intervient Marie-José Tubiana, cette combattante de l’ombre, qui a conservé tous les documents et cartes de son travail.  

Malgré la connaissance des faits, et bien qu’en 2010 la Cour Pénale Internationale ait émis un mandat d’arrêt contre Omar el-Béchir pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide envers les ethnies africaines du Darfour, depuis 2016 l’UE a versé au Soudan 200 millions d’euros pour retenir tous ceux qui tentaient de fuir le pays !!  

Mots-clés : génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, réfugiés, demandeurs d’asile,  torture, et j’en oublie sans doute.

La Combattante

Réalisation : Camille Ponsin

France, 2022, 1h34

 

Communiqués de la LDH

Le tribunal administratif de Lille suspend les arrêtés “anti attroupement” pris par le maire de Roubaix

En date du 19 juillet 2022, le maire de Roubaix a pris quatre arrêtés visant à interdire, sur un périmètre étendu de la commune, tout attroupement occupant l’espace public de manière prolongée et susceptible de causer des nuisances sonores ou de troubler l’ordre public.

Cette interdiction trouve à s’appliquer du lundi au samedi de 10h à 22h et s’étend jusqu’au 30 septembre 2022.

En tant qu’ils prohibent de manière générale et absolue tout attroupement susceptible de générer des nuisances sonores, les arrêtés reviennent à interdire des comportements parfaitement ordinaires qui par eux-mêmes ne sont pas constitutifs d’un trouble à l’ordre public, tel que le simple fait pour un groupe composé de plus de deux personnes d’être assises sur un banc, de jouer au ballon, de converser ou encore de rire et d’avoir des éclats de voix.

Les motifs ayant conduit à l’édiction de ces arrêtés démontrent purement et simplement que son auteur présume que tout regroupement est théoriquement susceptible de créer des nuisances, et que cette hypothèse suffirait, selon lui, à prendre de tels arrêtés, sans qu’il ne soit besoin de rapporter aucun élément précis et circonstancié de nature à étayer l’existence de risques de troubles particuliers.

Aussi, face à cette atteinte manifeste à la liberté d’aller et venir, à la liberté de réunion et à la liberté d’utilisation du domaine public, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) a décidé d’introduire à l’encontre de ces arrêtés un recours en annulation assorti d’un référé-suspension devant le tribunal administratif de Lille.

Par une ordonnance du 8 septembre, le tribunal administratif de Lille a prononcé la suspension de l’exécution de ces interdictions en retentant tout d’abord l’urgence de les suspendre au regard de l’atteinte grave et immédiate portée à la liberté d’aller et venir et à la liberté de réunion. S’agissant du doute sérieux sur la légalité de la décision, la juridiction administrative retient l’incompétence du maire de la commune de Roubaix à prendre de telles mesures dès lors qu’elles ne viseraient pas uniquement à prévenir les troubles de voisinage, seul domaine de compétence du maire pour faire cesser une atteinte à la tranquillité publique dans les communes comme celle de Roubaix où la police est étatisée. Mais elle retient encore  l’absence de matérialité des troubles invoqués et donc l’absence de nécessité de ces mesures interdisant tout attroupement.

Communiqués de la LDH

La LDH dans les médias du 2 au 8 septembre 2022

Télécharger la revue de presse de la LDH du 2 au 8 septembre 2022

Communiqués de la LDH

Une épidémie de personnes tuées par des tirs de policiers

Communiqué LDH

Depuis le début de l’année 2022, neuf personnes ont été tuées par balle tirée par des fonctionnaires de police à l’occasion de contrôles routiers. Pour le seul 7 septembre 2022, la passagère d’un véhicule à Rennes et le conducteur d’un véhicule à Nice ont trouvé la mort.

Indépendamment des suites judiciaires données à ces affaires, cette évolution suscite une inquiétude grandissante. Le nouveau cadre légal instauré depuis 2017 par l’article L.435-1 du Code de la sécurité intérieure facilitant le recours à l’emploi des armes, notamment en cas de refus d’obtempérer, a créé une incertitude juridique délétère s’agissant d’un acte aussi grave dans lequel la prise de décision doit être extrêmement rapide. La LDH (Ligue des droits de l’Homme) en demande l’abrogation.

Elle rappelle que, dans tous les cas, l’emploi des armes est conditionné à une situation d’absolue nécessité et de stricte proportionnalité, c’est-à-dire en cas de risque grave et imminent pour l’intégrité corporelle. Il est de la responsabilité du ministère de l’Intérieur de rappeler ces règles pour éviter la réitération de ces situations mortifères, incompatibles avec les principes d’un Etat de droit, et avec la nécessité d’apaiser les relations entre les forces de l’ordre et la population. La LDH veillera à ce qu’une telle situation d’incertitude juridique ne puisse persister.

Paris, le 9 septembre 2022

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Communiqués de la LDH

Un dispositif expérimental de détection automatique de documents d’identité frauduleux à Mandelieu-La Napoule : la LDH saisit la Cnil 

A la suite de la diffusion d’un tweet de BFM Côte d’Azur, publié le 29 août 2022, intitulé « Les policiers de Mandelieu-la-Napoule expérimentent un dispositif inédit, une mallette embarquée, permettant de détecter rapidement les faux papiers », la LDH a saisi la Cnil pour lui soumettre ses interrogations sur la légalité d’un tel dispositif expérimental à visée sécuritaire mis en œuvre dans cette seule commune, et ce pour une durée de trois mois.

Outre les principes fondamentaux qui ont été soulevés en application du Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016, relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données, la LDH a également rappelé que, sous réserve d’un simple relevé d’identité aux fins de constatation d’une contravention, les agents municipaux de la commune de Mandelieu-La Napoule ne peuvent procéder à un contrôle d’identité et a fortiori à la vérification de l’authenticité du document d’identité, qui leur est présenté dans ce cadre, à l’aide du dispositif expérimental dont la Cnil est saisie.

Communiqués de la LDH

Israël/Palestine : le harcèlement contre l’avocat des droits humains Salah Hammouri doit cesser

Depuis de longues années, Salah Hammouri fait l’objet d’une campagne d’intimidation continue exercée par les forces d’occupation israélienne en raison de son rôle actif dans la défense des droits humains. Il a passé neuf ans dans les prisons israéliennes, répartis en six détentions dont la plus longue a duré sept années consécutives entre 2005 et 2011. Face à l’obligation de choisir entre l’expulsion en France pendant 15 ans ou l’emprisonnement en Israël pendant sept ans, Salah Hammouri a choisi la prison plutôt que la déportation. Depuis le début du mois de mars 2022, il se retrouve à nouveau dans les geôles israéliennes, en détention administrative sans inculpation ni procès, sur la seule base d’un dossier déclaré secret que même son avocat ne peut consulter, ce qui rend sa détention coercitive et illégale.

Par ailleurs, les forces de l’occupation ont pris de nombreuses mesures à l’encontre de Salah Hammouri dans le but de l’expulser de Jérusalem. La dernière a eu lieu en octobre 2021 en approuvant une décision de lui retirer sa carte d’identité jérusalémite, sous prétexte de déloyauté envers l’Etat d’Israël et sur la base de preuves déclarées secrètes. Des tentatives sont actuellement en cours pour l’expulser vers la France dont il détient la nationalité et où résident sa femme et ses enfants, après les avoir empêché·es de rentrer dans les territoires occupés, le privant ainsi de ses droits familiaux. Lorsqu’il sera mis en liberté, Salah Hammouri sera contraint de quitter la ville de Jérusalem. Il est prévu que la Cour suprême israélienne statue sur le retrait de la carte d’identité de Salah Hammouri en février 2023.

Les mesures prises contre Salah Hammouri revêtent à la fois une importance et un danger.

D’une part, le retrait de son titre d’identité pour cause de déloyauté envers l’Etat occupant, fondé sur des preuves confidentielles, constitue une mesure sans précédent dans le cadre de la guerre contre l’existence arabe et palestinienne à Jérusalem. Bien que la ville soit un territoire occupé selon le droit international, les Palestinien-ne-s y souffrent de mesures de colonisation et de judaïsation de plus en plus accrues, dont l’objectif est de supprimer leur existence de la capitale. Cette décision contre Salah Hammouri ouvre alors la porte aux forces d’occupation israéliennes leur permettant d’expulser tout·e citoyen·ne palestinien·ne de Jérusalem et de lui retirer, tout simplement, sa carte d’identité sur la base de documents classés secrets. Cela signifie donc une possibilité supplémentaire de réduire le nombre des Palestinien-ne-s de Jérusalem sans aucune justification légale.

D’autre part, Salah Hammouri est ciblé par les forces de l’occupation israélienne en tant que défenseur des droits humains et avocat auprès des prisonnier-e-s palestinien-ne-s. Israël déclare en effet une véritable guerre contre les défenseur-e-s des droits humains à titre individuel ou collectif, en accusant systématiquement de terrorisme les associations palestiniennes des droits humains, dont l’association Addameer au sein de laquelle Salah Hammouri travaille. Ce dernier a notamment été l’objet d’un piratage de son téléphone portable au moyen du logiciel d’espionnage Pegasus développé par l’entreprise israélienne de sécurité informatique NSO Group Technologies. L’objectif de l’État israélien, à travers ces mesures, est de transmettre un message à tou-te-s les activistes et défenseur-e-s pacifiques des droits humains : ils-elles ne disposent d’aucune impunité et peuvent subir à tout moment la restriction de leur mobilité, la dispersion de leurs familles, des détentions arbitraires et l’expulsion de leur pays.

En outre, bien que Salah Hammouri soit détenteur de la nationalité française, le gouvernement français n’a joué aucun rôle actif pour exercer des pressions en vue de sa libération, en dépit de sa détention coercitive. Le gouvernement israélien a d’ailleurs pris récemment une mesure punitive à l’encontre de Salah Hammouri en le plaçant en isolement, après qu’il a adressé une lettre au président français Emmanuel Macron lui demandant d’exiger sa mise en liberté. En effet, le gouvernement français n’a fait aucune déclaration publique, ni dénoncé sa détention arbitraire ou appelé les autorités d’occupation israélienne à le libérer. Il s’est contenté de lui rendre visite et d’inviter le gouvernement israélien à « respecter ses droits ». Ces mesures sont visiblement insuffisantes et incompatibles avec la réaction habituelle des autorités françaises dans les cas de détention arbitraire des citoyen-ne-s français, et ne font pas preuve d’une volonté politique suffisamment forte pour tenir les autorités israéliennes responsables.

En conséquence, les organisations, syndicats, associations et commissions de défense des droits humains signataires de la présente déclaration, affirment ce qui suit.

1. Rejeter les intimidations et les violations coercitives que Salah Hammouri subit comme une punition pour son travail de défenseur des droits humains, ceci dans l’objectif de le dissuader, ainsi que tou-te-s les autres défenseur·es, de continuer de soutenir les droits des Palestinien-ne-s ou à critiquer Israël, et particulièrement :
- condamner et rejeter la détention administrative, contraire aux dispositions du droit international et exiger la libération immédiate des prisonnier·es administratif·ves dont celle de Salah Hammouri [1] ;
- condamner et rejeter la décision israélienne de retirer son identité jérusalémite à Salah Hammouri, sur la base des documents confidentiels et d’une prétendue déloyauté vis-à-vis de l’Etat occupant. [2]

2. Nous demandons au gouvernement français d’agir concrètement et rapidement pour la mise en liberté de son ressortissant Salah Hammouri, de dénoncer et d’empêcher la révocation de sa résidence et son expulsion forcée de Jérusalem, et de le dédommager des violations de ses droits.

3. Demander à la Cour pénale internationale (CPI) de faire avancer au plus vite le dossier d’enquête sur les violations flagrantes du droit international humanitaire et du droit pénal international par l’Etat d’Israël, et assimilables à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

4. Demander aux Nations unies, en particulier à l’Assemblée générale, au Conseil de sécurité et au Conseil des droits de l’Homme, de prendre des mesures effectives pour mettre fin aux pratiques israéliennes visant à supprimer leur identité aux Jérusalémites, à vider la ville de sa population arabe et à modifier sa composition démographique en violation du statu quo juridique à Jérusalem.

5. Demander aux gouvernements du monde de mettre en œuvre la compétence universelle, conformément à l’article 147 de la quatrième Convention de Genève, afin d’affirmer la responsabilité de l’Etat d’Israël et de mettre fin à son impunité face aux violations graves qu’il commet à l’encontre des Palestinien-ne-s, dont notamment les arrestations arbitraires et les déplacements forcés.

6. Demander aux Etats membres de la communauté internationale, aux Parlements du monde et aux organismes de la société civile d’exercer des pressions sur Israël, aux fins de respecter les actions relatives à la défense des droits humains et de protéger le peuple palestinien et en particulier ses défenseur·es, en garantissant leur liberté d’expression et de circulation, leur droit de documenter les violations de l’occupation et de poursuivre juridiquement ses pratiques au niveau international.

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Cette déclaration reste ouverte à la signature des organisations et institutions intéressées ici.

Lire la liste complète des signataires

Le 31 août 2022

 

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Laval : lutte contre l’homophobie

En vue de la Journée mondiale contre l’homophobie, la mairie de Laval a souhaité afficher son engagement en faveur de la lutte contre l’homophobie et les discriminations qu’elle peut engendrer en peignant quelques passages piétons aux couleurs de l’arc-en-ciel, emblème du mouvement LGBTQI.

Dans les jours qui ont suivi, les marquages au sol ainsi peints ont fait l’objet de vandalisme, matérialisé par plusieurs inscriptions à caractère homophobe comme « PD et Gouines dehors » ; « Homos dehors » ; « Non aux homos ».

A l’appui de la plainte déposée par la mairie de Laval, la LDH a également déposé plainte auprès du procureur de la République, près du tribunal judiciaire de Laval, en ce que les écrits figurant sur les marquages au sol aux couleurs de l’emblème LGBTQ sont constitutifs du délit de provocation à la haine ou à la violence à raison du sexe, de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, réprimé à l’article 24 alinéa 8 de la loi du 29 juillet 1881 modifiée.

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