Communiqué LDH
Le 21 octobre 2014, le bidonville des Coquetiers, à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, a été évacué, délogeant plus de trois cents personnes. Environ un tiers d’entre elles se sont vues proposer un relogement, le plus souvent à plusieurs centaines de kilomètres de là, et ce sans préoccupation aucune du suivi scolaire ou médical en cours. Les autres familles se sont retrouvées à la rue, emportant le peu de biens qui leur restait, sous la pluie. Parmi elles, une cinquantaine de personnes, dont une vingtaine d’enfants, ont trouvé quelques heures plus tard refuge à l’hôpital Saint-Louis de Paris, espérant passer une nuit au sec. Elles en ont été chassées par des CRS en nombre, à la nuit tombée. Elles ont finalement passé la nuit dans un gymnase ouvert d’urgence, à 23 heures, par la ville de Paris.
Une semaine plus tôt, le 14 octobre, à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), la trentaine de familles vivant depuis plus de quatre ans sur le bidonville du Petit-Clamart se voit menacée d’expulsion suite à une décision du tribunal de grande instance de Nanterre qui intervient en dépit des arguments d’autres tribunaux, du suivi des familles par des associations et de la mission en cours, portée par Adoma, sur ce bidonville. Cette décision, en attente d’exécution, est prise alors que ni le propriétaire du terrain occupé, ni le maire de la commune concernée n’avaient demandé l’évacuation.
La semaine passée, plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l’Homme (LDH), proposaient une « Charte pour les droits et la dignité des occupants de terrains », rappelant les droits de ces occupants. La politique actuelle d’évacuation ne respecte aucunement ces droits, et a pour seule conséquence de jeter à la rue des milliers de personnes, ne solutionnant en aucun cas ce que certains nomment le « problème rom ». Depuis le début de l’année jusqu’en septembre 2014, 10355 personnes ont été expulsées, lors de 106 évacuations, par les autorités françaises (recensement trimestriel de l’European Roma Rights Centre et de la LDH).
Ces expulsions ne sont, dans leur grande majorité, pas accompagnées de solutions durables de relogement, ni de soutien social adéquat, confirmant que la circulaire d’août 2012 ne fut qu’un affichage. La Ligue des droits de l’Homme dénonce les évacuations et l’absence d’humanité qui restent la principale réponse apportée pour résorber les bidonvilles.
Il est temps que les pouvoirs publics changent leur politique et proposent des solutions à ces populations.
La Ligue des droits de l’Homme dénonce avec fermeté cette escalade de pratiques irrespectueuses des droits et réaffirme son soutien aux familles et aux associations qui accompagnent les personnes dans leur volonté de vivre et de travailler en France.
Paris, le 24 octobre 2014