Le rapport explique qui sont les différents acteurs de la légitimation. On apprend d’ailleurs que le ministère israélien des affaires stratégiques a publié une série de rapports [2] visant à diffamer les organisations de la société civile qui défendent les droits des Palestiniens en Israël, en Palestine et partout dans le monde. Ces rapports utilisent de nombreuses informations publiées par l’organisation NGO Monitor, qui cible de manière sélective les organisations de défense des droits de l’Homme qui travaillent sur les violations du droit international en Palestine, et publie des informations tronquées et peu étayées, présentées comme des recherches factuelles approfondies.
En France les acteurs de la délégitimation se sont fortement engagés en 2019 en faveur de la résolution Maillard, qui dans son projet initial visait à rapprocher la critique d’Israël avec l’antisémitisme [3]. Plus généralement, ces acteurs – associations, think tanks, fondations… – réalisent un amalgame entre le mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) et l’antisémitisme [4], et négligent la multiplicité des opinions des organisations de la société civile, dont certaines appellent uniquement au boycott des colonies et/ou au désinvestissement des entreprises présentes dans celles-ci.
« Depuis dix ans, les obstacles se sont multipliés en France pour tous ceux qui souhaitent prendre position contre les violations du droit international commises par Israël, regrette François Leroux. Le but est clair : stigmatiser, faire taire et dissuader d’autres personnes ou associations qui voudraient se joindre à la lutte contre l’injustice. »
Ces attaques répétées augmentent le coût d’une prise de position en faveur des droits du peuple palestinien [5]. Si de nombreuses stratégies échouent, les efforts nécessaires pour y résister que doivent fournir les organisations de la société civile, les bailleurs ou les pouvoirs publics peuvent être dissuasifs. Le corollaire de l’intensification des campagnes de délégitimation est une inquiétante réduction de la liberté d’expression des défenseurs des droits de l’homme, et des atteintes au droit de réunion, à la liberté d’association et au droit à agir en défense des droits de l’homme. En 2021 uniquement, le président de l’Association France Palestine Solidarité a été arrêté en sortant du ministère des Affaires étrangères, et de nombreuses manifestations de soutien au peuple palestinien ont été interdites.
Le rapport formule plusieurs recommandations visant à garantir les libertés publiques et associatives. Parmi celles-ci, la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine appelle la France à rejeter publiquement les attaques des acteurs de la délégitimation comme cela a déjà été le cas dans d’autres pays, et à engager une réflexion sur la mise en place d’une procédure de reconnaissance pour mieux protéger les associations qui défendent les droits de l’Homme.