Sortie en salle en septembre 2021
Dans ce très beau documentaire, présenté au dernier Festival de Cannes, Melati, 18 ans, indo-hollandaise, et coscénariste du film, nous emmène dans un passionnant voyage à travers le monde à la rencontre de jeunes qui, révolté.e.s, comme elle, par les trop nombreux dysfonctionnements, injustices, inégalités, scandales, qui gangrènent nos sociétés, se mobilisent, inventent, créent pour construire un futur meilleur. Elle-même s’est battue, avec sa jeune sœur, dès l’âge de 12 ans contre la pollution plastique à Bali, où elle réside.
Après chaque voyage, elle vient voir Mary, anglaise de 22 ans, basée à Lesbos, investie dans des missions de sauvetage de migrants, et raconte… Respiration régulière et bienvenue. Les deux amies y commentent avec entrain et une grande lucidité ce que Melati a découvert.
Au Liban, Mohamad, 18 ans, réfugié syrien, qui a fui son pays avec sa famille à 12 ans, a fondé, non sans difficultés, une école dans le camp où il s’est retrouvé. Elle accueille aujourd’hui 200 élèves. « L’école est synonyme de dignité » assure-t-il « c’est la seule chose stable dans leur vie. » Et le bonheur qui se lit sur le visage des enfants est éloquent.
Au Malawi, Memory, 22 ans, se bat pour que les filles, devenues mères trop tôt suite à un viol ou un mariage forcé, reprennent le chemin de l’école. Elle a créé une grande chaîne de solidarité féminine, fait supprimer les « camps d’initiation » pour jeunes filles, où la tradition voulait qu’elles soient violées le dernier soir. Et, avec l’appui d’élues, a réussi à faire changer la constitution : repousser l’âge légal du mariage de 15 à 18 ans.
A Rio, René a créé, à 11 ans, un journal dans sa favela « pour lutter contre les préjugés et les mensonges » Il en a aujourd’hui 25. En 2010, lors d’une opération gouvernementale très dure contre les favelas, il a couvert les événements via son compte Twitter, et acquis une belle notoriété. Il veut que son groupe soit « un agent de transformation sociale » et prouver qu’on peut vivre dignement dans ces favelas, même si on est « noir dans un pays raciste ».
Au Colorado, Xiuhtezcati, 19 ans, activiste et rappeur amérindien, se bat contre l’industrie du pétrole et la fracturation hydraulique. Il dénonce un « racisme environnemental » ainsi que l’augmentation des cancers et troubles endocriniens. Avec d’autres, il a attaqué le gouvernement pour non-protection des générations futures. Sa musique et son rap sont pour lui de puissants instruments de combat. Il veut aussi préserver l’héritage de sa communauté.
A Lesbos, Mary participe à une opération de sauvetage, que rejoint Melati. Elle fustige l’attitude des gouvernements européens, l’enfer de Lesbos, « Guatanamo de la Méditerranée », et rappelle le devoir sacré de sauver des vies en mer.
En Ouganda, pays africain qui accueille le plus de réfugiés, Winnie, 25 ans, agricultrice, aide ces derniers à survivre en leur enseignant la permaculture. Elle se mobilise aussi pour faire se rencontrer réfugiés et locaux, plutôt réticents devant ces nouveaux arrivants. Elle-même a pu suivre des études longues en payant ses frais de scolarité avec les légumes qu’elle cultivait.
A Jakarta, Melati s’interroge sur la montée des eaux et nous fait découvrir Bantar Gebang, la terrible décharge à ciel ouvert qui fait vivre 3000 familles.
Chaque rencontre que fait Melati est l’occasion d’échanges chaleureux, riches en enseignement, d’analyses d’une grande clairvoyance et de sagesse, nous faisant découvrir une jeunesse battante, pleine d’espoir et de joie de vivre. Toutes et tous luttent pour quelque chose de plus grand que nous, « bigger than us ».
De très belles images, parfois très dures, nous plongent au cœur de l’environnement de chaque intervenant.e. Camps de refugiés au Liban et en Ouganda, beauté des paysages et des villages en Afrique, terre dévastée au Colorado mais superbe fête amérindienne, favelas déglinguées mais splendeur de Rio. Et partout, des visages, des regards, captés avec tendresse.
Des images d’archive, de manifestations ici et là, des extraits de journaux télévisés complètent les témoignages de ces jeunes, ainsi que, de temps en temps, des extraits de rapports de différentes organisations humanitaires, qui s’inscrivent à l’écran.
Lors de la sortie de cette belle ode à cette jeunesse militante, l’équipe du film va mettre à disposition 100 000 places pour les jeunes. Belle opération dont nous souhaitons la réussite.
Mots-clefs : Jeunes, droits des femmes, droits des étrangers, racisme, environnement, climat, alimentation.
France
Réalisation : Flore Vasseur
Production : Marion Cotillard, Ludovic Dardenay, Denis Carot.
Distribution : Jour2fête