Appel à rassemblement, signé par la LDH, le samedi 27 mars, à 12h, à la Fontaine des innocents, à Paris
Dans un décret publié le 19 mars, le chef de l’Etat turc, Recep Tayip Erdogan a décidé, de manière autocratique, le retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul !
La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dites Convention d’Istanbul, a été adoptée en 2011, et entrée en vigueur en 2014. C’est le premier traité qui fixe des normes juridiquement contraignantes au niveau européen pour prévenir et lutter contre les violences sexistes et sexuelles, et, qui contraint les Etats signataires à adopter une législation réprimant les violences.
Ce texte, ratifié par le Parlement turc, ne peut être annulé ainsi par simple décret présidentiel !
Enfreignant encore une fois toutes les règles de droit, Erdogan tente de justifier son décret anticonstitutionnel en avançant que la Convention inciterait au divorce et qu’elle aurait été détournée par un groupe d’individus cherchant à « normaliser l’homosexualité ». Il adresse ainsi un message cinglant aux femmes : la structure familiale turque est et doit rester machiste, féodale, homophobe et misogyne ! Il adresse sans détour un message de soutien aux assassins, aux agresseurs, aux violeurs, … !
Alors que depuis plus d’une dizaine d’années, les violences sexistes et sexuelles explosent en Turquie, alors qu’en 2020, on dénombre plus de 300 féminicides, cette décision d’Erdogan est une manœuvre politique pour renforcer la société patriarcale, conservatrice et misogyne qu’il s’efforce de bâtir tous les jours, depuis plus de 15 ans, avec des conséquences concrètes et désastreuses pour la vie des filles et des femmes de Turquie.
L’annonce du retrait de la convention d’Istanbul, s’inscrit dans un continuum de violences, avec en sus, cette semaine la destitution d’Omer Faruk Gergeroğlu, député et défenseur des droits humains, l’interdiction d’activité politique de plusieurs centaines de militant.e.s kurdes, de la menace de l’interdiction du HDP (Parti Démocratique des Peuples, gauche et mouvement kurde), 3e parti politique et la décision de transférer le droit de propriété du parc de Gezi à la faveur d’une fondation proche du pouvoir (épicentre des contestations citoyennes de 2013).
Aussi, nous, associations des originaires de Turquie, de l’immigration,
des droits humains, féministes, partis politiques, syndicats,
appelons à un rassemblement
le samedi 27 mars à 12h
à la Fontaine des innocents
Place Joachim du Bellay, 75001 Paris
Pour saluer le courage et la détermination des féministes de Turquie, qui malgré les violences policières, les intimidations, la répression, les arrestations continuent à se mobiliser par milliers, pour les droits de toutes les femmes !
Pour appeler à la solidarité internationale aux côtés des associations féministes, des personnes Lgbt, de défenses des droits humains et plus globalement de toutes les femmes de Turquie, face à ces attaques!
Et pour demander au Conseil de l’Europe de rappeler les obligations des Etats, signataires de la Convention d’Istanbul.