Pétition soutenue et signée par la LDH
Mesdames et Messieurs les chefs-fes d’État et de gouvernement,
Dans plus de 300 jours, vous vous réunirez à Lyon pour mobiliser des ressources pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ces pandémies sont encore responsables de 2,6 millions de morts par an, 7 300 par jour, 5 par minute ! Il est urgent d’agir.
Ce désastre humain, vous pouvez l’éviter. Pour quelques dollars par mois, des outils de diagnostic adaptés, des traitements efficaces permettent de sauver des vies et d’enrayer les transmissions. Mais ils restent insuffisamment accessibles. Plus d’un million d’enfants séropositifs attendent encore un traitement pédiatrique et risquent donc de mourir du sida. Plus de 3 millions de personnes ne sont pas diagnostiquées de la tuberculose et ne peuvent donc pas être traitées.
Ces trois pandémies affectent de façon tragique le monde entier, et en particulier l’Afrique. Elles frappent en premier lieu les populations les plus pauvres, les plus vulnérables et les plus discriminées. Les adolescentes et les jeunes femmes, les hommes homosexuels et bisexuels, les personnes trans, les usagers·ères de drogues, les détenus·es et les travailleurs·ses du sexe sont toujours disproportionnellement affectés·es par ces pandémies. A lui seul, le sida reste la première cause de mortalité pour les femmes de 15 à 49 ans dans le monde.
Cette situation n’a pourtant rien d’inéluctable, au contraire. Les solutions pour éviter les nouvelles infections et sauver des vies existent : il faut partout généraliser l’accès à la prévention (éducation complète à la sexualité, préservatifs, PrEP), au dépistage et aux traitements. Et lutter contre les discriminations et les inégalités liées au genre, qui sont autant d’entraves à l’accès aux soins. C’est la seule voie possible si nous voulons mettre fin à ces épidémies.
Pour y parvenir, des investissements supplémentaires sont indispensables. Si nous n’intensifions pas nos efforts, nous risquons de faire face à une résurgence rapide de ces épidémies, et nous ne serons plus en mesure de les éliminer d’ici 2030. Il y a urgence : cette résurgence nous la constatons déjà dans certains pays.
Aujourd’hui le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme finance la moitié des traitements anti-VIH dans les pays à revenus faible et intermédiaire. Il assure 65% des financements disponibles pour la lutte contre la tuberculose et 57% pour le paludisme. Ces fonds ont permis de formidables progrès mais ils restent insuffisants : de nombreux experts estiment à 6 milliards de dollars par an les besoins du Fonds mondial pour répondre aux défis posés, contre 4 milliards actuellement disponibles.
Il est temps pour vous, dirigeants·es du monde, d’entrer dans l’Histoire en mettant fin à ces trois pandémies. Vous pouvez y arriver en une génération. 40 ans après l’éradication de la variole, l’Humanité peut franchir un nouveau cap pour le progrès et la santé. Faites preuve d’ambition et de courage politique : les moyens à mobiliser ne représentent que 0,0025% de la richesse mondiale. Des moyens dérisoires au regard de l’espoir suscité : un monde débarrassé du sida, de la tuberculose et du paludisme.
Monsieur le président de la République française,
Le 10 octobre 2019, vous accueillerez à Lyon la 6ème conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial. C’est un signal fort, une opportunité unique pour faire de la France la cheffe de file d’un monde plus juste, plus stable et plus égalitaire.
Nous, acteurs et actrices de la lutte contre ces trois pandémies, personnalités de la société civile, scientifiques, représentants·es d’associations, et citoyens-nes, vous demandons de tout mettre en œuvre pour mettre un terme aux épidémies de VIH/sida, de tuberculose et de paludisme. Pour cela, nous vous appelons à mobiliser vos homologues pour assurer le succès financier de la conférence en 2019.
Mesdames, Messieurs, il faut agir maintenant. Ne vous laissez pas contaminer par l’indifférence : vous avez le choix, vous avez le pouvoir de débarrasser le monde de ces fléaux. Nous comptons sur vous.