Sortie le 4 octobre 2017
Personne ne peut avoir oublié le drame vécu par Latifa Ibn Ziaten dont le fils, Imad, jeune militaire basé à Toulouse a été assassiné le 11 mars 2012 par Mohamed Merah. Pour cette femme née au Maroc, arrivée en France à 17 ans pour épouser le Marocain dont elle était tombée amoureuse, le monde a basculé. Cette mère parfaitement « intégrée » dont les cinq enfants ont bien réussi, a refusé de perdre espoir, refusé d’être assignée à une position de victime, là où le terroriste aurait souhaité la placer. Elle est devenue en quelque sorte une résistante.
C’est lorsqu’elle s’est rendue dans le quartier où avait vécu Merah et qu’elle a entendu des jeunes faire l’apologie de ce dernier qu’elle a décidé qu’il fallait parler à ces jeunes « en perdition ». Elle a alors créé l’Association IMAD pour la jeunesse et la paix au nom de laquelle elle intervient en parcourant les villes de France dans le seul but de défendre la jeunesse des quartiers et combattre la haine par la tolérance et l’écoute. Quasiment tous les jours elle se rend dans des collèges, des prisons où elle parle de sa vie, de son drame et de son refus de se poser en victime. Elle répond aux questions des jeunes, leur répète qu’ils sont totalement légitimes à trouver leur place dans notre société. Son action ne se veut pas politique et son discours est simple : « aider l’autre, c’est œuvrer pour la paix ».
Mais son combat ne se limite pas à la France, elle se rend régulièrement au Maroc, et les réalisateurs l’ont aussi suivie en Israël et en Palestine où elle a déployé des trésors de ténacité pour réussir l’exploit d’organiser un voyage à Paris pour un groupe de jeunes Israéliens et Palestiniens, voyage « à vocation éducative » centré sur les questions du vivre-ensemble et de la découverte de l’autre.
Les réalisateurs déclarent avoir voulu, en filmant Latifa, ses déplacements et ses rencontres « faire un portrait de la France de 2017, de sa jeunesse, de ses peurs et de ses espoirs », on pourra alors regretter que la caméra se focalise sur Latifa et qu’il n’y ait jamais d’entretien avec ces jeunes qui viennent l’écouter, l’interroger, et pour beaucoup d’entre eux reprendre peut-être espoir dans l’avenir. On aurait aimé que ce portrait de la France soit plus fouillé, que les questions sur la laïcité soient approfondies, que certains propos soient démentis…
Ce documentaire à travers un hommage à Latifa, dont le courage extraordinaire force l’admiration, nous incite à ne pas rester passifs et à lutter avec nos propres armes contre l’obscurantisme et tout ce qui clive et sépare.
« Latifa, le cœur au combat », film documentaire d’Olivier Peyon et Cyril Brody
Durée : 1h35
Réalisation : Olivier Peyon et Cyril Brody
Production : Carole Scotta, Laurence Petit et Julie Billy