Le massacre des Italiens est une histoire vraie qui raconte comment l’exaltation de « l’identité nationale » peut conduire des hommes à massacrer leurs camarades de travail. L’histoire raconte aussi comment les élites s’y prennent pour échapper à leurs propres responsabilités. La scène se passe en 1893, mais c’est d’une brûlante actualité.
Le récit est tiré du livre de Gérard Noiriel, Le massacre des Italiens, Fayard, 2010, (prix Augustin Thierry 2010).
Note de l’auteur Gérard Noiriel
Brecht plaidait pour des formes d’innovation théâtrale fondées sur la collaboration entre artistes et savants. Malheureusement, ce type d’expérience a été laissé en friche après sa mort, en raison de la séparation de nos milieux professionnels respectifs. Parmi les projets que j’ai impulsés en tant que président de l’association DAJA, ce spectacle sur le « massacre des Italiens », fruit d’un travail mené en commun avec le collectif « Manifeste Rien », est celui qui mobilise le plus fortement le principe brechtien de la fable, comme forme dramaturgique permettant de transposer un problème historique en langage théâtral. Les philosophes et les psychologues ont confirmé récemment les intuitions géniales de Brecht à ce sujet. Raconter une histoire, c’est « mettre de l’ordre dans l’expérience » et donner une intelligibilité au réel. Grâce au récit, et grâce à sa mise en scène, on peut ainsi rendre accessible à tous, les aspects en apparence les plus abstraits et les plus compliqués de la grande Histoire. Le sens (ou le non sens) de l’histoire n’a plus besoin d’être dit, il suffit qu’il soit montré.
Qu’est ce qu’une lecture spectacle ?
Une lecture spectacle est un petit objet théâtral qui peut se jouer presque n’importe où. Une comédienne, derrière son pupitre, nous fait entendre le récit de ce livre d’histoire. Elle joue avec les différents accents des protagonistes, avec les différents niveaux de langage. Elle cabotine, donne corps et stigmates aux personnages pour mieux les partager avec le public qu’elle interpelle. Elle s’emporte dans des diatribes, déambule soudainement, chante les chansons populaires et disparues. Le but est de faire entendre ce livre peu connu du public, alors qu’il s’adresse à tous, et peut-être plus particulièrement à ceux qui y ont difficilement accès. L’apprentissage de l’histoire et des sciences sociales n’est pas facile… l’ouvrage scientifique inquiète quand il n’effraie pas ; la conférence attire souvent un public déjà acquis ; mais le théâtre, dans sa forme la plus simple et la plus généreuse, peut toucher tout le monde. On sait d’expérience que les démonstrations produites par les sciences de l’Homme et de la société ont très peu d’impact sur les gens. On peut mobiliser toutes les études pour démontrer la « stupidité » du racisme, on ne parviendra pas pour autant à convaincre quiconque d’abandonner ses préjugés. Ce qui est prouvé dans la recherche doit être éprouvé par le public.
Création : Automne 2010
Public : Tout public
Mise en scène : Jérémy Beschon
Comédienne : Virginie Aimone
Collaboration artistique : Jean-Battiste Couton
Production : martine Derrier (Les Petits Ruisseaux)
Durée totale de l’intervention (lecture spectacle + débat) : 1H30
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