Trois comédiennes sur le plateau portent la parole des deux cent-trente femmes du convoi du 25 janvier 1943, dont quarante-neuf reviendront, celle, aussi, de centaines de milliers de résistantes déportées et d’autres femmes exterminées. Trois, premier chiffre du pluriel, d’un pluriel qui s’étend ici à infini. Charlotte Delbo témoigne de ce qu’elle a vécu à Auschwitz, sans «littérature», mais avec la force de la nécessité : l’émotion naît des faits, dont elle rend compte, même si cela touche à l’inconnaissable. L’essentiel est là, dit-elle: Qui rapportera ces paroles ? Il faut résister à la mort, au désespoir, à la douleur de voir les autres mourir, il faut tenir pour témoigner. Qualité du travail d’Agnès Braunschweig, Edith Manevy et Caroline Nolot qui n’ont pas cherché à jouer, à imiter la souffrance, et qui montrent ce qui est mis en jeu dans ce camp :dépouillement de la personnalité, effondrement du temps, mais aussi résistance, par la solidarité et l’humour. À trois, elles forment un véritable collectif dont chacune porte un personnage de prédilection qui a son histoire, sa continuité, et aussi, à un autre moment, toutes les autres. Mais ces «autres» ne sont jamais une masse : d’un trait, d’un mot, les comédiennes font le travail inverse de celui du camp : redonner une individualité à ces femmes, ne fût-ce que pour un instant de théâtre. Ce qui donne sa valeur politique et morale à leur beau travail.
Langue : Français
Durée : 80 minutes soit 01h20
Auteur : Charlotte Delbo
Artistes : Agnès braunschweig – Edith Manevy – Caroline Nolot
Metteur en scène : Agnès braunschweig
Compagnie Prospero Miranda représentations : festival Off Avignon 2017