Les manifestations de plusieurs centaines de policiers, en dehors du cadre syndical et avec leurs armes, attestent du malaise profond de ce corps mais aussi d’une démarche de nature à questionner les institutions de la République, notamment quand certains d’entre eux s’en prennent à l’autorité judiciaire.
Les agressions d’une extrême gravité qui sont à l’origine de ce mouvement s’inscrivent dans un contexte d’état d’urgence épuisant et qui va se dégradant. D’autant que dans le même temps, les forces de l’ordre ne disposent pas des moyens de terrain suffisants à exercer pleinement leur mission. La justice, il faut le rappeler, n’est pas mieux traitée en termes de moyens. Le gouvernement engrange ainsi les conséquences de choix reprenant les orientations antérieures qui exaltent les valeurs d’ordre et de sécurité, mais négligent le travail de proximité de la police et sous-estiment l’organisation et le niveau des moyens alloués.
Cette situation ne laisse pas d’être préoccupante ; en effet, « La garantie des droits de l’Homme et du citoyen nécessite une force publique » (article 12 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen) et la démocratie a besoin de forces de l’ordre reconnues et appréciées par la population comme étant au service de la collectivité. De fait, ce ne sont pas simplement les moyens dont disposent les forces de l’ordre qui doivent être réévalués, mais également les conditions de leur emploi et les doctrines d’intervention.
Le mouvement actuel montre qu’au-delà des questions matérielles, le renforcement constant des pouvoirs de police n’a pas apporté de réponses utiles à ces questions. C’est une des raisons pour laquelle la LDH avait entamé une concertation avec l’ensemble des syndicats de police, concertation qui n’a pu malheureusement aller jusqu’au bout en raison du refus de certains d’entre eux.
La LDH poursuivra ses efforts en ce sens et appelle à un débat public, incluant tous les acteurs, institutionnels, syndicaux et de la société civile, sur les missions et les conditions d’emploi des forces de police.
Paris, le 25 octobre 2016.