Alors que des millions d’euros sont alloués à Malte pour des opérations de contrôles aux frontières maritimes avec Frontex, les organisations membres de la campagne FRONTEXIT dénoncent une Europe aveuglée par l’obsession sécuritaire, toujours plus meurtrière.
Le 4 février dernier, l’UE annonçait le versement de plus de 12 millions d’euros aux forces armées maltaises afin de financer des équipements dans le cadre de sa participation aux opérations de l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures (Frontex). Cet argent est issu du Fonds de Sécurité Intérieure (FSI) qui vise à lutter contre la criminalité et faire face aux menaces contre la sécurité de l’Union européenne (UE). Cette somme s’ajoute aux 114 millions d’euros prévus pour le budget 2015 de Frontex.
Cette décision illustre tristement le décalage entre l’urgence de la situation aux frontières maritimes, et les priorités de l’UE en la matière. Après un macabre record de plus de 3 500 morts en 2014, l’hécatombe se poursuit en Méditerranée avec plusieurs centaines de morts depuis le début de l’année notamment au large de l’ile italienne de Lampedusa.
Il est révoltant, dans ce contexte, que le réflexe de l’UE soit de renforcer des mécanismes qui, contrairement à ce qu’elle avance souvent, n’ont pas pour but de sauver des vies humaines mais bien d’intercepter et de contrôler les personnes (Frontex, Eurosur, coopération avec les Etats voisins sur le volet migratoire).
« Surveiller n’est pas veiller sur ».
FRONTEXIT le rappelle, Frontex n’est pas un corps de sauvetage en mer, mais une agence de surveillance des frontières. L’opération Triton, coordonnée par Frontex en Italie, n’est pas le prolongement de l’opération militaro humanitaire Mare Nostrum. Ce n’est qu’une énième opération de contrôle et de mise à distance des étrangers. Cependant, les navires qui interviennent dans le cadre des activités de Frontex sont soumis, comme tous les autres, aux obligations du droit maritime international, notamment l’assistance aux personnes en détresse.
L’UE et les Etats membres clament leur impuissance face à des tragédies humaines comme si elles étaient une fatalité. Il n’en est rien. Ces tragédies sont la conséquence de politiques migratoires sécuritaires qui rendent l’accès régulier au territoire européen quasi impossible, et ne laissent comme autre solution aux personnes en exil que d’embarquer sur des bateaux de fortune, au péril de leur vie.
Les organisations de la campagne FRONTEXIT, qui militent pour la suppression de l’agence Frontex, demandent que des mesures soient immédiatement prises pour interrompre les opérations de Frontex en mer, qui sont pour partie responsables des naufrages répétés en Méditerranée. Pour enrayer l’hécatombe, il faut inverser la logique et permettre la mobilité internationale, autoriser l’accès au territoire européen et respecter les règles de protection internationale.
L’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente