Communiqué du REMDH
Dans son dernier rapport, intitulé La liberté de réunion menacée : l’opposition bâillonnée dans la région euro-méditerranéenne, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) tire la sonnette d’alarme quant au droit à la liberté de réunion pacifique toujours plus bafoué dans la région.
Ce rapport a été lancé au Parlement Européen le 8 décembre 2014 à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’Homme. Au cours de cet événement, parrainé par le Vice-Président du Parlement Européen pour la démocratie et les droits de l’Homme, Mr. Alexander Graf Lambsdorff, les membres du REMDH ont présenté les principales conclusions du rapport, ainsi qu’une série de recommandations aux décideurs européens.
Les intervenants ont notamment évoqué la situation de la liberté de réunion au Maroc, Egypte et Europe. Ils ont souligné que les réunions et manifestations – surtout lorsqu’elles sont critiques envers le pouvoir— sont vues par les Etats comme un risque sécuritaire et politique à contenir, et non comme un phénomène constitutif de la vie démocratique et un droit dont les autorités doivent faciliter l’exercice.
« Le droit à la liberté de réunion est véritablement en danger au Maroc », a affirmé Abdelslam Lassal de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). « Les autorités marocaines n’ont de cesse de réprimer les organisations de défense des droits de l’Homme en général, et celles qui œuvrent en faveur du droit de réunion en particulier. »
« Tous ceux qui souhaitent manifester publiquement en Égypte prennent des risques significatifs », a expliqué Bahey Eldin Hassan, le directeur de l’Institut d’études du Caire pour les droits de l’Homme. « Les organisations qui défendent les droits des manifestants assassinés et des détenus sont sanctionnées par le biais de campagnes de diffamation, via la manipulation des médias, des poursuites entamées contre leur personnel et des menaces de fermeture et de confiscation de leurs biens. »
En Europe également, si le respect des libertés publiques est plutôt la règle que l’exception, de nombreuses restrictions et entraves à la liberté de réunion viennent rappeler que les droits doivent être sans cesse défendus et pratiqués sous peine de perdre leur substance.
« Les manifestations constituent un exercice démocratique sain essentiel à une bonne gouvernance et à la responsabilisation », a expliqué Rosa Curling, de Solicitor International Human Rights Group (SIHRG). « De nombreux États membres de l’UE considèrent pourtant les actes de protestation comme au mieux un inconvénient à contrôler ou à décourager et au pire comme une menace à combattre. »
« Il est crucial pour une démocratie de permettre l’expression publique et pacifique des opinions divergentes, de l’opposition et des minorités via l’exercice du droit à la liberté de réunion et de manifestation », a martelé Isaias Barreñada, directeur de l’Association pour la coopération avec le Sud (ACSUR). « L’Union européenne devrait par conséquent saisir toutes les opportunités de dialogue avec les autorités de ses États membres, et de ses pays voisins, afin de promouvoir la mise en place d’un environnement plus propice à l’exercice de la liberté de réunion. »
Il a également appelé l’Union européenne à faire du respect et de la promotion de la liberté de réunion une priorité dans le nouveau Plan d’Action de l’Union européenne sur les droits de l’Homme et la démocratie et de la Politique européenne de voisinage.
En 2013, le REMDH a publié la première partie de ce rapport, qui portait sur le cadre législatif du droit à la liberté de réunion et leur conformité avec les normes internationales des droits de l’Homme dans 11 pays de la Méditerranée et l’Union européenne. Cette seconde partie vient compléter l’étude régionale en analysant l’application des lois et l’exercice de la liberté de réunion et de manifestation dans la pratique.
Paris, le 10 décembre 2014