« Un périple poétique dans la vie quotidienne des Palestiniens, en Cisjordanie, à la rencontre de rêves et de passions, de l’espoir et du désespoir. Pour la première fois de ma vie de Palestinien citoyen d’Israël, je suis parti pour incarner l’expérience de l’occupation qui, tout au long de ma jeunesse, fut dénaturée… »
Citoyen israélien, Palestinien de Galilée, Alaa Ashkar, 34 ans, après avoir étudié à Sciences-Po et beaucoup voyagé dans le monde, se pose des questions sur son identité. Son éducation à l’école israélo-arabe, la politique de peur instillée par l’Etat d’Israël au sein de sa population, les pressions de la société israélienne, ont façonné sa vison des territoires occupés, lui ont appris à se défier des Palestiniens de Cisjordanie. Il décide d’aller voir par lui-même. Pour cela, il nous conduit sur la Route 60 qui traverse du nord au sud la Cisjordanie et nous fait partager ces rencontres. Aux Palestiniens d’Hébron, de Bethléem, de Naplouse, de Ramallah, de la vallée du Jourdain ou du camp de Balata, il pose la question de ce qu’est pour eux l’occupation, quels sont leurs rêves, leurs ambitions.
Il réalise avec nous que l’occupation n’est pas seulement physique mais qu’elle pèse sur toute la vie des Palestiniens :
les barrières (check-points) et le mur les enferment et conditionnent tous les actes de leur vie, notamment en rendant tous déplacements pour le travail, l’accès aux champs, aux hôpitaux ou les visites à la famille ou aux amis extrêmement fastidieux, voire impossibles. On voit des travailleurs de Bethléem obligés de faire la queue en pleine nuit pour se rendre à leur travail en Israël alors que les touristes venant visiter la basilique de la Nativité passent sans attendre. De nombreux villages sont entièrement cernés de miradors et de murs dont les portes s’ouvrent au bon gré des soldats ;
la présence de l’armée pour « protéger » les colons, notamment à Hébron, est source de conflits, de peurs et de traumatismes.
Privés d’eau par les captations des colons, les paysans de la vallée du Jourdain ne peuvent plus cultiver leurs champs qui sont devenus désertiques. Ils en sont réduits à louer leur force aux colons quand il y a du travail et désespèrent de l’avenir de leurs enfants. La Jordanie toute proche leur est interdite d’accès : ils se sentent dans une prison à ciel ouvert.
On constate ainsi à quel point l’occupation pèse non seulement sur l’économie de la Cisjordanie mais aussi sur tous les habitants dont la vie est conditionnée par cette restriction des mouvements, des libertés, des rêves et des ambitions. A travers ces belles rencontres et ces témoignages pleins de bon sens et de dignité, d’un berger, d’une chrétienne de Bethléem, d’une commerçante d’Hébron, d’enfants, d’adolescents, on mesure le désespoir plus ou moins caché des Palestiniens.
On ne sait pas vraiment si Alaa Ashkar s’est réconcilié avec son identité de Palestinien d’Israël, mais il nous dit : « A travers des rencontres privilégiées avec des lieux et des Palestiniens ordinaires, je traite de la question des barrières psychologiques causées par de pesantes réalités, et je médite sur leurs conséquences sur l’être humain – où qu’il se trouve. Ainsi, les barrières et check-points en Cisjordanie deviennent-ils la métaphore de toute aliénation psychologique. »
Route 60 – Un intinéraire au-delà des frontières , film documentaire
Durée : 74’
Réalisation : Alaa Ashkar
Produit par le processus de souscription « Crowd Funding »
Avec le soutien de CCFD, le consulat général de France à Jérusalem