Sortie le 3 avril
Des comités de soutien, dans le monde entier, choisirent comme slogan la phrase qui donne son titre au film. Angela Davis voulait que sa cause soit liée à celle de tous les prisonniers politiques.
La brillante jeune femme issue de la bourgeoisie noire de l’Alabama, révoltée par le racisme, partie étudier la philosophie en Allemagne, revint pour s’engager auprès des Black Panthers, puis du parti communiste et du mouvement des droits civiques. Elle fut chassée de son poste de l’université de Californie pour des raisons ouvertement politiques. Membre du comité de soutien des Frères de Soledad, trois prisonniers noirs américains accusés de meurtre, menacée de mort, elle fut elle-même accusée d’avoir provoqué la tuerie de San Rafael, le 7 août 1970, où plusieurs détenus et un juge trouvèrent la mort. Le climat est alors à l’extrême violence : les Panthers accusent le gouvernement de génocide du peuple noir et appellent à la révolution, le gouvernement crie à la sécurité intérieure menacée et Reagan décrit Angela comme une dangereuse terroriste. Au terme d’une cavale à travers les Etats-Unis, recherchée par le FBI, Angela est arrêtée et jugée dans la même prison de Soledad d’où tout était parti. Un triple chef d’accusation requiert la peine capitale. On connaît la suite, la campagne internationale qui obtiendra sa libération, et l’abolition de la peine de mort dans l’Etat de Californie.
C’est Angela elle-même qui fait le récit de son histoire, évoquant aussi son amour pour George Jackson, grand militant tué au cours d’une tentative d’évasion pendant son procès à elle. D’autres interviews de ses amies, de ses avocats, du président de son université, viennent croiser son témoignage, ainsi que de nombreuses images d’archives. Le résultat est certainement instructif et pédagogique, pour faire connaître aux adolescents l’histoire de celle dont la coupe afro orne encore leurs t-shirts dans le monde entier, comme l’image du Che portant son béret. Mais on peut regretter le classicisme du documentaire et les effets « série américaine », avec un peu trop de décors californiens, jazz et Cadillac à l’appui, sans compter la starisation d’une Angela qui descend les passerelles d’avions les bras chargés de fleurs : Angela est devenue une icône, certes, ce qui n’est pas la même chose. On préfèrerait en savoir un peu plus sur la guerre froide ou sur l’articulation des luttes entre antiracisme, communisme ou féminisme dans ces années 1960-70. Ou voir plus de documents rares comme la déclaration de Jean Genet, qui vient soutenir Angela devant la caméra de Carole Rassopoulos.
Free Angela and All Political Prisoners
Film documentaire, France/USA, 2012,
Durée : 97’
Réalisation : Shola Lynch
Production : De films en aiguille/Realside Productions
Distribution : JOUR2FÊTE