Dans notre livraison précédente, j’appelais nos lectrices et lecteurs à développer une saine obsession ; celle de leur mobilisation autour de la campagne pour le droit de vote et d’éligibilité des résidents étrangers.
Je ne veux pas revenir ici sur les raisons évidentes qui fondent cet engagement, pas plus que sur le profil de cette campagne dans laquelle la Ligue des droits de l’Homme se trouve engagée de façon centrale et décisive.
Mais je souhaite pourtant souligner à quel point cette « obsession » n’a rien de monomaniaque ; l’objectif d’élargir le champ et la pratique de la démocratie électorale est en effet intimement liée aux autres luttes qui visent à conquérir dignité, reconnaissance, droits et libertés. Notre engagement pour le droit de vote fait écho à nos mobilisations pour le droit au séjour, pour le droit aux études, pour le droit à la dignité et à l’égalité. Il s’inscrit dans le postulat déjà ancien de la Ligue des droits de l’Homme selon lequel la citoyenneté politique et la citoyenneté sociale sont les deux faces d’une même pièce de monnaie et que toute tentative de les dissocier – voire parfois de les opposer – revient à se couler dans la peau d’un faux monnayeur.
Gagner sur le droit de vote et d’éligibilité c’est gagner sur des terrains essentiels : celui du champ démocratique, celui de la lutte contre la xénophobie et la « racialisation » du débat social et politique, celui de la reconnaissance et de l’égalité des droits, celui enfin, d’une articulation plus directe, plus saine, de la confrontation démocratique et de sa traduction législative.
C’est d’ailleurs l’ampleur de ce qui se joue là qui explique les frilosité et hésitations des uns, la ténacité de la résistance des autres.
C’est ce qui doit motiver un engagement plein et entier, quotidien de notre part ; car la cause n’est pas que belle en elle même ; elle porte en elle d’autres avancées d’autres victoires.