Communiqué LDH
Le 6 avril 1994, l’attentat contre l’avion du président Juvenal Habyarimana a sonné le début d’un génocide soigneusement préparé qui, en trois mois, a provoqué la mort d’au moins huit cent mille Tutsi et de nombreux Hutu dont le Premier ministre, madame Agathe Uwilingiyimana.
Dix-huit ans après, alors que des procédures contre des auteurs présumés d’actes de génocide et de crimes de guerre sont engagées, le rôle de la France dans la catastrophe humaine qui a plongé le Rwanda dans la nuit et le sang n’est pas complètement établi. C’est l’effet de la théorie du « double génocide » qui continue à justifier le rôle d’arbitre que s’est donné à la France en « s’étant interposé entre factions rivales », ainsi que l’ordre donné aux forces françaises de l’opération Turquoise de ne pas désarmer les troupes du gouvernement intérimaire rwandais qui commettait le génocide.
Après dix-sept années d’une enquête conçue pour justifier des conclusions définies a priori, le rapport d’expertise balistique portant sur l’attentat du 6 avril, demandé par les juges Poux et Trevidic a confirmé, en janvier dernier, que l’enquête menée de Paris par le juge Bruguière n’avait visé qu’à justifier la politique de la France dans ce pays.
La LDH est attentive à ce que le travail de justice se poursuive pour établir toutes les responsabilités dans des exactions que la Cour pénale internationale a justement qualifiées d’entreprise génocidaire. Elle doit permettre d’abord que les procédures engagées depuis de nombreuses années contre les personnes résidant en France soupçonnées de complicité de génocide aboutissent, mais aussi de poursuivre l’instruction de la plainte menée contre certains membres des forces armées françaises en raison de leur comportement durant l’opération Turquoise.