Communiqué REMDH
A l’occasion de la Journée Internationale de la Femme (8 mars), le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH) a publié aujourd’hui son rapport régional sur « Les violences faites aux femmes dans le contexte actuel de transformations politiques et de crise économique dans la région euro-méditerranéenne ; tendances et recommandations en faveur de l’égalité et de la justice ».
Ce rapport dénonce l’augmentation spectaculaire des violences faites aux femmes dans la région euro-méditerranéenne ces dernières années, en décrivant les principaux schémas de violence utilisés à l’encontre des femmes, à travers des études de cas menées en Egypte, en Syrie, en Tunisie, en Lybie, en France, à Chypre et en Espagne.
Le rapport souligne également l’augmentation très inquiétante et la gravité des violences sexuelles perpétrées dans les pays tels que la Lybie, la Syrie et Egypte, qui s’apparentent à du terrorisme sexuel . En Egypte, des manifestantes ont été victimes d’agressions et de viols collectifs systématiques, et vraisemblablement programmés, sur la place Tahrir. En Syrie, des femmes et des filles font l’objet de traite et d’exploitation sexuelle dans les camps des refugiés.
Pendant les manifestations de 2011, les femmes détenues ont été soumises à des tests de virginité imposés par les forces militaires égyptiennes. En Syrie, des femmes ont été victimes, entre autres actes de violence, d’emprisonnements arbitraires, de disparitions forcées, d’actes de torture, de violences sexuelles et d’exécutions sommaires, ainsi que le révèle un rapport récent du REMDH.
La participation limitée des femmes dans la vie publique est également une source de graves préoccupations. En Egypte, les femmes ont été largement sous-représentées dans toutes les instances constituantes depuis 2011, ainsi que dans tous les gouvernements transition. Dans le gouvernement nommé le 16 juillet 2013, les femmes occupaient seulement 3 postes ministériels sur les 34 existants. En Lybie, le comité chargé de rédiger une nouvelle constitution, élu en février 2014 et composé de 60 membres, ne compte que six femmes.
En Europe, l’augmentation de la pauvreté et le manque d’autonomie financière font que les femmes ont du mal à échapper aux situations de violence. 70% des travailleurs pauvres en France sont des femmes. Les femmes ont été plus durement touchées par les mesures d’austérité, notamment les réductions dans le secteur et les services publics, notamment en Espagne et à Chypre, les foyers, les permanences téléphoniques et les dispositifs de protection des droits des femmes.
Ces mesures sont parfois associées à des politiques patriarcales et discriminatoires reposant sur des idéologies conservatrices, telles que l’adoption récente, en Espagne, d’un projet de loi limitant le droit à l’avortement.
Le rapport cite des instruments et des programmes montre qu’il existe au niveau régionaux, via de l ‘Union européenne, le Conseil de l’Europe, l’Union pour la Méditerranée et la Ligue des états arabes, visant à lutter contre les violences et à mettre fin à l’impunité. Le rapport adresse des recommandations à ces acteurs régionaux-clés sur la façon de mettre en œuvre leurs instruments afin de lutter contre les violences faites aux femmes dans la région EuroMed.
Les gouvernements des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée et l’Union européenne sont appelés à signer et à mettre en œuvre les instruments internationaux adéquats destinés à lutter contre les violences et à mettre fin à l’impunité, à travers l’élaboration l’adoption de législations au niveau national et la mise en place de systèmes judiciaires, de systèmes de sécurité et de systèmes de justice transitoires respectueux du droits des femmes, ainsi que des mécanismes de veille et de suivi évaluation et des chaines de services de soutien et prise en charge des survivantes de la violence.
Bruxelles, le 6 mars 2014