« En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté », de Jean-Christophe Sarrot, Bruno Tardieu, Marie-France Zimmer

ATD Quart monde vient de publier un petit livre à mettre entre toutes les mains.

Dans son introduction, Bruno Tardieu, délégué général, donne le sens de la démarche : nous vivons avec des stéréotypes, et le seul moyen véritable de les dépasser est d’avoir une connaissance intime et personnelle des autres. Mais combattre les idées reçues est aussi un moyen de dépasser ces stéréotypes, et de faciliter le contact et la prise en compte de l’autre.



Les auteurs ont sélectionné quatre-vingt-huit idées reçues, regroupées en chapitres : pour chacune un court développement, clair et très pédagogique, étayé systématiquement par des données officielles, des extraits de rapports ou des recherches françaises ou étrangères. Le champ couvert est vaste : l’immigration, les Roms, les sans-abri, l’école, l’insécurité…

Une de ses qualités est d’éviter les démonstrations simplistes ou caricaturales : tantôt la démonstration commence par un « faux », sans appel, tantôt un « pas si simple », plus nuancé. Le texte est ponctué ironiquement de citations de penseurs ou de politiques des siècles passés, illustrant le discours des débuts du libéralisme sur les pauvres, qui mêle condescendance, mépris et peur.

On peut en faire une lecture continue et linéaire, ou le consulter sur une question particulière. Mais derrière ce qui peut sembler un patchwork se dessine un portrait de la grande pauvreté, de sa singularité (une des idées reçues dénoncées est que tout le monde, un jour, peut se retrouver dans la grande pauvreté), de la dureté de vie et de l’exclusion qu’elle entraîne. Et paraît clairement l’idée que si les pauvres sont victimes d’une forme d’apartheid social, ils ne sont pas des êtres à part : ils ont la même humanité que les autres, les mêmes désirs de réussite scolaire pour leurs enfants ou d’accès à l’emploi pour eux-mêmes, les mêmes capacités… Ils ne sont pas responsables de leur pauvreté, et c’est la société que celle-ci doit interpeler. Ils n’ont pas besoin de commisération condescendante, mais de justice et de la possibilité d’exercer leurs droits. On y retrouve une des idées forces d’ATD Quart monde, qui est que leur expérience de vie leur donne un regard sur le monde, et une richesse humaine dont nous pouvons tous profiter.

Ce livre ne s’adresse pas qu’aux militants d’ATD. C’est un véritable instrument d’éducation populaire, extrêmement utile pour tous ceux qui militent pour les droits, les services publics, la justice sociale.

En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté

Jean-Christophe Sarrot, Bruno Tardieu, Marie-France Zimmer

Editions de l’Atelier et éditions Quart Monde, septembre 2013

192 pages, 5 €

Communiqués de la LDH

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