Le social : un champ de ruines ?

Communiqué LDH

La démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social est la dernière en date des illustrations du cours actuel de la politique sociale et du paradoxe qui consiste à mettre en cause tous les éléments de la politique sociale au moment où leur existence aurait le plus de sens. Au contraire, au nom de la réduction des dépenses publiques, au nom de la nécessaire augmentation de la productivité ou du développement de la performance, les inégalités en période de crise galopent !


L’égalité d’accès aux soins de santé, plus particulièrement pour les plus démunis, n’est plus garantie, l’Aide médicale d’Etat, pourtant reconnue comme une nécessité de santé publique, est devenue encore plus difficile à obtenir, en particulier pour les étrangers malades.

Le fondement de la Sécurité sociale est chaque jour un peu plus grignoté par des mesures du type des franchises médicales, ou la révision toujours à la baisse de la liste des affections de longue durée.

La loi « Hôpital, patients, santé, territoires », et singulièrement son principe directeur, la tarification à l’activité, apparaît dès lors comme l’arme du démantèlement du service public hospitalier, la logique de rentabilité de l’entreprise et de la production de soins prenant toute la place par rapport à l’assurance de soins et à l’accompagnement des patients.

La réforme des retraites de 2010 va aggraver les situations issues d’un marché du travail profondément inégalitaire, alors que les modifications apportées à l’organisation de la médecine du travail visent à redonner aux entreprises la haute main sur les conditions de travail et à diminuer en conséquence les preuves visibles de la pénibilité, renvoyée aux fragilités de chacun.

Enfin, les subventions allouées aux associations qui accomplissent, faut-il le rappeler, une grande part du social que ne fait plus le service public, sont soit signifiées à des dates imbéciles en fin d’année pour l’exercice courant, soit en forte diminution, voire en extinction. C’est ce que vient de subir le Samu social. Bénéficier en urgence d’un toit, d’un abri, même provisoire, l’espace d’un soir ou d’une nuit, n’est pas considéré comme une action prioritaire. Ainsi Dalo ou pas, le respect de la loi, quand il s’agit des plus démunis, n’est pas un principe politique à respecter.

Assurément, le vent de l’iniquité souffle sur les droits sociaux et emporte avec lui les principes fondamentaux qui sont ceux de la République. La Ligue des droits de l’Homme s’oppose vivement à cette politique où la finance déconstruit la protection sociale, où la rigueur budgétaire sème sur son passage injustice et inégalité et laisse la place à un vaste champ de désolation. Une telle situation ne laisse qu’un seul choix : celui du retour à la solidarité.

Paris, le 22 juillet 2011

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