Femmes et genre : une question d’égalité

Après la polémique autour des manuels scolaires de SVT de 1re, la censure d’un livre* lors du salon de l’éducation, nous venons d’assister à une action nationale pour l’interdiction de l’introduction de l’étude du genre à l’école.



Qu’est-ce que le genre ?

Le genre, c’est l’étude du rapport entre les hommes et les femmes dans la société. C’est un outil pour aller vers plus d’égalité car les mesures du rapport entre les représentations du masculin et celles du féminin permettent de lutter contre le système de domination des hommes sur les femmes. Le genre c’est rendre visible les inégalités qui paraissent naturelles et qui ne le sont pas. Personne ne nie les différences biologiques. Mais là où on laisse tout pouvoir à la nature, il ne reste qu’une loi, celle du plus fort. Il n’y a pas de nature féminine ou masculine qui déterminerait des choix professionnels ou des caractères émotionnels : les comportements des hommes et des femmes sont des constructions sociales.

Qui le genre inquiète-t-il pour devoir se développer dans la revendication ?

Pour faire du genre son cheval de bataille, le mouvement familialiste s’accroche à l’affirmation qu’il s’agit d’une « théorie ». Mensonge ! Ce n’est pas une théorie. Les scientifiques utilisent le genre comme un outil d’analyse dans leurs disciplines respectives qui déconstruit les stéréotypes et introduit de l’égalité entre les individus, au lieu de rejeter celles et ceux qui ne sont pas dans la norme.

Instrumentaliser les études de genre vise très précisément le maintien de l’ordre « naturel » et de l’ordre moral par ceux-là même qui exploitent le mariage pour tous et refusent le droit des femmes à l’avortement. Pervertir le sens des mots pour un usage de propagande aux idées, c’est permettre le racisme, l’homophobie et les discriminations.

Pour une politique publique de genre

Les mouvements féministes ont fait avancer les droits des femmes vers plus d’égalité, en réclamant des droits spécifiques comme la maîtrise de leur corps et de leur fécondité ; et en réclamant pour elles les droits de tous, droit de vote, droit au travail, parité politique, égalité des salaires, etc. L’égalité entre les femmes et les hommes est désormais inscrite dans les textes internationaux et européens. Mais après les principes il faut la faire entrer dans la réalité en commençant dès la petite enfance : c’est la responsabilité des parents et de l’école.

C’est la mission du système éducatif de faire réussir fille ou garçon de la maternelle à l’enseignement supérieur. Cette réussite implique que les valeurs d’égalité et de respect entre les femmes et les hommes soient transmises et comprises dés le plus jeune âge. C’est l’objectif dans le Code de l’Éducation du programme d’étude « les ABCD de l’égalité », visant à faire réfléchir sur les préjugés et les stéréotypes sexistes. Cette démarche pédagogique permet de sensibiliser les enseignants à savoir repérer des situations scolaires productrices d’inégalités entre les filles et les garçons, et à en tenir compte dans leurs pratiques. Les principes défendus par ce programme sont tout à l’honneur de l’école de la République. Et la question des programmes est bien trop sérieuse pour devenir l’enjeu de combats politiques dogmatiques.

Le genre un moteur de progrès

Refuser l’éducation au genre, c’est vouloir nous cantonner, hommes et femmes, filles et garçons à une place déterminée. C’est refuser l’égalité de toutes et tous dans le champ politique, social et dans la vie privée et familiale. C’est participer à un mouvement qui attaque les droits des femmes et menace ce qui a été acquis après de longues luttes par les femmes et les associations féministes.

Refuser l’accès au savoir c’est donner le pouvoir aux obscurantistes, aux traditionalistes, aux intégristes religieux et aux extrémistes de tout bord.

Il est essentiel d’avoir des paroles fortes sur le sujet, pour désamorcer cette désinformation. Le genre c’est un facteur du progrès de la société toute entière, de la défense des libertés, de l’égalité et de la démocratie.

* Déjouer le genre. Pratiques éducatives au collège et au lycée, éditions SCEREN-CND. L’auteur, Hugues Demoulin, est chargé de mission égalité filles filles/garçon dans l’académie de Rouen.

Pour en savoir plus :

« La LDH, les femmes et le genre », Nicole Savy, Hommes Libertés n°153, mars 2011. « Cette Ligue des droits de l’Homme dont nous sommes fiers a besoin, nous le savons tous, de rajeunir et de se renouveler. Un outil pourrait y contribuer : le genre. Le mot est courant, ce qu’il désigne aujourd’hui, moins connu. »

Le groupe de travail LDH « Femmes, genre, égalité » propose un dépliant « Le genre, un outil pour l’égalité », outil qui a pour ambition d’aider les un(e)s et les autres à réfléchir et à comprendre pour mieux débattre (à commander au siège de la LDH).

Pour participer au groupe de travail LDH « Femmes, genre, égalité », écrivez à communication@ldh-france.org

Communiqués de la LDH

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