Le combat de Maurice Rajsfus « historien de la répression policière », était exemplaire

Communiqué LDH

Maurice Rajsfus est décédé ce samedi 13 juin. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) adresse ses condoléances à ses proches et salut son combat exemplaire.

Comme plus de treize mille juifs, dont quatre mille enfants, Maurice Rajsfus a été arrêté avec sa famille par les forces de l’ordre française au service du régime nazi, le 16 juillet 1942 lors de la rafle du Vél d’Hiv. L’un d’eux était leur voisin de palier.
De cette période, Maurice Rajsfus gardera une profonde cicatrice envers la police française. En 1982, il dira : « Quarante ans après, je n’ai pas pardonné ».

Véritable traqueur des violences policières, il dénonça pendant près de vingt-cinq ans les violences et l’arbitraire policier, et entreprit un inlassable travail de documentation, constituant un précieux fonds d’archives de dix mille fiches sur les violences policières de 1968 à 2014. Il fonda également l’Observatoire des libertés publiques, un an après la mort de Makomé M’Bowolé, tué d’une balle le 6 avril 1993 alors qu’il était interrogé, menotté, dans un commissariat du 18e arrondissement de Paris.

Durant la même période, il fut le créateur du bulletin Que fait la police.
Maurice Rajsfus, c’est aussi l’engagement antifasciste. En 1990, il fut l’un des premiers signataires de « l’appel des 250 » (personnalités) pour lutter contre le Front national de Jean-Marie Le Pen et de ses idées. S’en suis la création de Ras l’front, dont il fut l’un des présidents. Cette organisation avait pour vocation de créer un « mouvement de résistance et de vigilance » contre le « fascisme ». Mouvement unitaire, composé de citoyens, syndicats, associations et partis politiques, Ras l’front, c’était un seul principe : « On ne se planque pas. On leur fait plus de mal en n’ayant pas peur. Apparaître publiquement, c’est plus efficace que la baston ». Les fêtes Black-blanc-beur contre la fête des Bleu-blanc-rouge, c’est eux, le salon du livre antifasciste également, tout comme le travail avec le Droit au logement (Dal)…

Dans les coups marquants de l’époque de Ras l’front, le 1er mai 1995, place de l’Opéra, au nez et la barbe de Jean-Marie le Pen et de ses militants, une banderole s’abat, un immense calicot, siglé « Non au fascisme. Non au racisme » et signé Ras l’front.

Maurice Rajsfus, c’est aussi l’écrivain, auteur de plus de soixante livres, dont La police hors la loi, Drancy un camp de concentration ordinaire, Les mercenaires de la République et bien d’autres ouvrages.

Ses combats doivent aujourd’hui, plus que jamais, être les nôtres. La LDH participe depuis quelques années à la création et au fonctionnement d’observatoires citoyens des libertés publiques et des pratiques policières. Elle y poursuivra sans relâche ses missions et invite les citoyennes et citoyens engagés à en faire de même.

Paris, le 16 juin 2020

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