L’état d’urgence sanitaire autorise-t-il les violences envers les exilé-e-s et les intimidations envers les bénévoles ?

Communiqué commun

Le vendredi 24 avril, quatre membres d’Utopia 56 ont été arrêté-e-s après avoir observé et filmé l’évacuation violente d’un camp d’exilé-e-s par les forces de l’ordre à Grande-Synthe, lors d’une mise à l’abri forcée. Ils-elles ont passé la journée en garde à vue et sont sorti-e-s dans la soirée sans qu’aucune poursuite n’ait été retenue.

C’est seulement cinq heures après le début de ces gardes-à-vue que les deux avocates contactées par Utopia56, Me Ingrid Metton et Me Noémie Saidicottier, ont été informées des infractions retenues :

● “Atteinte à l’autorité de la justice par discrédit d’une décision de justice” : il nous est reproché d’avoir critiqué la décision d’expulsion dont nous n’avions pourtant pas connaissance ;

● “Complicité de mise en danger de la vie d’autrui, en ayant incité les exilé-e-s à se rendre sur l’autoroute” : pourtant, comme enregistré sur nos vidéos, ce sont bien les CRS qui, en envoyant du gaz lacrymogène sur les exilé-e-s, les forcent à courir en direction de la voie rapide pour leur échapper, alors même que l’équipe d’Utopia 56 est statique.

Sur ces motifs incohérents, ​notre équipe a été relâchée dans la soirée​ de vendredi.

Cette intimidation envers notre équipe n’a d’autre but que de ​nous empêcher de dénoncer la violence et l’absurdité de ces évacuations à Grande-Synthe​. Utopia 56, en tant qu’association non-mandatée par l’Etat, dénonce déjà ces mêmes pratiques à Calais.

Les​ opérations de mises à l’abri forcées​ sont d’une extrême violence envers les exilé-e-s. Il s’agit tout d’abord d’une ​violence morale puisqu’​aucune information ne leur est transmise en amont de ces opérations  : ils-elles ignorent quand cela arrivera et, lorsque les bus sont là, personne ne leur indique leurs destinations. Parce qu’ils-elles sont, à raison, parfois réticent-e-s à monter dans les bus lors des évacuations, ils-elles subissent des violences de la part des forces de l’ordre​. Enfin, l’​enfermement dans des hébergements collectifs est loin d’être optimal en période de crise sanitaire, d’autant plus que de nombreux-euses exilé-e-s se sont plaint-e-s de l’insuffisance des repas distribués​ dans ces centres d’hébergement.

Malgré les intimidations de la part des forces de l’ordre,​ nous poursuivrons nos actions sur le terrain, pour​apporter de l’aide à ceux-celles qui en ont besoin et pour​ dénoncer les maltraitances institutionnelles et policières envers les exilé-e-s dont l’Etat se fait complice.

Signataires : AADH, Alliance des avocats pour les droits de l’Homme, AMiS, Attac Flandre, L’Auberge des migrants, Bethlehem, Cimade Nord Picardie, Collective Aid, Groupe non violent Louis Lecoin, Help Refugees, Human Rights Observers, Ligue des droits de l’Homme, Mrap Littoral dunkerquois, Project Play, Refugee Info Bus, Refugee Women’s Center, Salam Nord/Pas-de-Calais, Solidarity Border, Utopia 56.

Communiqués de la LDH

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