La LDH soutient le film « Déplacer les montagnes », d’Isabelle Mahenc et Laetitia Cuvelier

Sortie le 30 mars 2019

Dans nos montagnes, là où nous avons choisi de vivre, nous voyions des espaces de liberté, des cols, des passages et des invitations au voyage. Nous avons vu une frontière se dessiner, de la violence contre les personnes exilées, des drames et des élans de solidarité. Nous avons vu des portes s’ouvrir, des liens se nouer à la croisée de ces chemins d’exil et d’hospitalité. Nous avons eu envie de faire raconter cette aventure par ceux qui arrivent et celles et ceux qui accueillent. Parce que cette histoire de rencontres dit quelque chose de nous et du monde dans lequel nous vivons.

On ne peut mieux résumer le documentaire « Déplacer les montagnes » que par ce court texte des réalisatrices, Isabelle Mahenc et Laetitia Cuvelier, qui ont filmé, pendant près de deux ans dans le Briançonnais, depuis l’ouverture du premier Centre d’accueil et d’orientation (CAO) de Briançon en 2015, les échanges avec de jeunes exilés et les bénévoles qui les accueillent, leur ouvrent leur porte et leur offrent leur temps et leur amitié.

Certains de ces réfugiés viennent de Calais, d’autres arrivent d’Italie par les routes et les cols de montagne. La solidarité s’organise au jour le jour : un appel téléphonique pour demander d’accueillir deux jeunes migrants trouvés mal en point dans la neige, « tu peux t’en occuper ? et voilà, c’est aussi simple que ça… » ; on les nourrit, on les réchauffe, on les loge, on les rassure surtout. Ce sont ces rencontres non prévues dans la vie des uns et des autres, ces nouveaux rapports qui se créent, que nous font partager les réalisatrices.

Des longs voyages parcourus par ces hommes, tous jeunes ou très jeunes, pour arriver jusqu’à Briançon, on ne saura que peu de chose, et encore moins des démarches administratives. Les cinéastes abordent avec respect la sphère de l’intime : les exilés racontent leurs histoires de vie ; alternant les récits de leur « vie d’avant » avec les témoignages des accueillants, et les moments de ce nouveau quotidien partagé par les uns et les autres, un grand puzzle s’assemble, dessinant la vie qui s’organise autour du Refuge solidaire de Briançon.  Un jeune arabophone arrivé du nord du Darfour « passé par plusieurs hasards » raconte sa décision de partir en 1 heure, les mains vides, pour aller dans un lieu sûr, où on peut vivre en paix ; Ali, orphelin, a « grandi avec son courage » et sa dignité,  Briançon est devenu sa famille et il voudrait donner aux enfants ce qu’il n’a pas eu quand il était petit ; un autre évoque son enfance heureuse: « Quand les guerres sont arrivées, ma vie était comme un film qui s’arrête d’un coup, c’était une vie très simple mais « sucrée ». Mais rester c’était la prison ou la mort. Un étudiant en philosophie politique, qui ne se sentait plus en sécurité dans son pays, a fait depuis son arrivée des rencontres qui l’ont tant impressionné qu’elles lui ont donné l’envie de se lancer dans l’humanitaire ; en attendant il aide les autres migrants du Foyer à constituer leur dossier…

Les accueillants, eux, expriment à quel point leur geste leur a semblé évident devant une si grande détresse humaine à leur porte et face à la violence de l’attitude des autorités ; ils s’interrogent aussi sur l’utilité de leur action qui met provisoirement ces jeunes exilés à l’abri et leur donne un peu de bonheur, au risque de les replonger ensuite dans une situation pire. Mais ces derniers ont une force de vie contagieuse ! Un des témoignages les plus émouvants à cet égard, celui d’Anne, décrit avec une force extraordinaire comment les conditions de l’arrivée des migrants a créé une rupture dans sa vie, remis en cause ses certitudes et ses valeurs, l’ordre social auquel elle croyait, le rôle de la police, l’attitude de l’Europe vis-à-vis du phénomène migratoire, la définition de migrant économique qu’elle récuse. En même temps elle affirme que leur accueil a été, pour elle, et pour ceux de Briançon, comme une naissance : « on se découvre car on ne savait pas qu’on était capable de faire ça, on s’est mis en marche ! »

Thématiques : Etrangers et immigrés  

Déplacer les montagnes

Film documentaire

Réalisation : Isabelle Mahenc et Laetitia Cuvelier

Durée : 1h18

 

Communiqués de la LDH

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