La LDH soutient le film « Quand je veux, si je veux » de S. Arbizu, H. Belin, N. Drouet et M. Foucault

Sortie le 13 mars 2019

En France, annonce le synopsis, une femme sur trois avorte au moins une fois au cours de sa vie. Dans un cadre volontairement extérieur de jardins et parcs publics où passent des promeneurs, paisible et non refermé sur l’intimité, les neuf femmes qui témoignent face caméra dans ce film ont en commun d’avoir vécu un avortement après le vote de la loi Veil de 1975 autorisant l’IVG en France, et d’assumer ce choix. Aujourd’hui, chacune à leur façon, elles racontent avec leurs mots et leurs différences cette expérience commune : elles seules ont la parole, les réalisateurs n’ayant pas souhaité que « la voix de leurs témoins soit tour à tour étouffée, contredite ou légitimée, en tout cas assujettie à des propos d’experts ».

Le mot « choix » est important ici, car c’est bien ce que ces cinq femmes revendiquent et défendent. Dans la première partie du film, chacune d’elles expose les raisons qui l’ont menée à ce choix : plusieurs ont vécu une rupture douloureuse, celle-ci se sentait bien trop jeune pour être mère, ou alors ce n’était pas le bon moment pour avoir un enfant, une autre refuse totalement la maternité… malgré tout, pour la plupart d’entre elles la décision n’a pas été facile à prendre. 

Puis, lorsqu’il s’agit de l’acte médical lui-même,  les expériences divergent : celle dont l’IVG a été pratiquée à la maternité des Lilas a été très bien prise en charge par le personnel médical ; une autre a été sensible aux  mots volontairement « neutres » choisis par sa gynécologue ; mais, alors que le droit à l’avortement, obtenu de haute lutte depuis plus de quarante ans, aurait dû faire de l’IVG un acte médical ordinaire,  la plupart d’entre elles soulignent la difficulté de s’informer : sur les lieux où elle se pratique (les centres de planning familial sont souvent éloignés, certains ferment et il existe de vraies disparités régionales), sur le déroulement de l’acte lui-même ou le choix de la méthode, sur les délais d’attente trop longs ; et les propos parfois maladroits ou culpabilisants voire violents de la part de membres du corps médical, qui essaient de peser sur leur décision, sont ressentis à juste titre comme une atteinte ou même une menace à leur liberté de choix. Il y a aussi parfois l’impression de ne pas être comprises par les proches auxquels elles en ont parlé. D’où un sentiment de solitude éprouvé au moment et après l’intervention : « Il y a de l’humain à remettre dans cette mécanique bien huilée de l’avortement » résume bien l’une de ces jeunes femmes.

« Pour moi, c’était juste une opération. (…). Bien sûr, je sais qu’il y aurait pu y avoir un enfant. En même temps cet enfant-là, à ce moment-là, sans moi, concrètement, il n’existait pas. Donc non. L’impression qu’un avortement serait forcément une expérience traumatisante existe si on veut que ce soit traumatisant ».

« J’ai avorté quand j’avais 16 ans. Ca n’a pas transformé ma vie, ni la personne que j’étais. Ca ne m’a détruite en aucun cas. Ca fait partie intégrante de moi, de mes rêves, de mon univers intérieur… C’est toujours là. Le mieux à faire, c’est de se dire que c’est toujours là, que c’est arrivé, que si je l’ai vécu comme je l’ai vécu c’est que ça allait m’être utile au bout d’un moment. Et que j’allais pouvoir peut-être aussi me rendre utile pour d’autres… »

Il est à noter par ailleurs que l’introduction judicieuse par les réalisateurs d’images et enregistrements d’archives permet de dynamiser le récit tout en mettant en perspective le présent de ces femmes et le passé de toutes celles qui se sont battues pour leurs droits*. Loin des arguments théoriques, éthiques ou religieux, agités régulièrement autour du droit à l’avortement, les témoignages de Lola, Magali, Sigrid et des autres affirment également haut et fort que la maternité n’est pas la seule voie pour les femmes, que la choisir est un droit et que leur corps leur appartient, à elles seules. Quand je veux, si je veux, une parole indispensable pour continuer à défendre ce droit sans cesse menacé.

*Un petit bémol cependant : il est dommage que les extraits en voix off ne soient pas identifiés au moment où on les entend, mais seulement au générique de fin, cela contribuerait à mieux resituer le contexte historique et politique.

Thématiques : Femmes, droits des femmes, IVG

Quand je veux, si je veux

Réalisation : Susana Arbizu, Henri Belin, Nicolas Drouet et Mickaël Foucault

Durée : 1h 13

France

Communiqués de la LDH

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